Premier jet d’encre pour Tattoo Qc

Québec a sa revue consacrée au tatouage depuis la semaine dernière. Qui plus est, elle est le fruit de la collaboration entre un père et sa fille, tout deux passionnés de cet art corporel.

L’idée mijote depuis le printemps, mais n’a commencé à prendre forme qu’en août, lance Maëlla Lepage, qui vient de commencer un baccalauréat en design graphique à l’Université Laval. Né d’une affection commune pour le tattoo et d’une envie de monter un projet à deux, le magazine a finalement été lancé le 13 octobre dernier à la Ninkasi, rue Saint-Jean.

La première édition repose entièrement sur quatre épaules. Le montage de la revue a été assumée par Maëlla, la rédaction d’articles et les séances photos se sont faites à deux, et son père a endossé le volet commandites et organisation du tout. Les réseaux sociaux sont le fait de Pierre-Olivier Forget, l’amoureux de Maëlla venu porter main forte au duo.

Premier jet

Le premier numéro est « un premier jet », commente Yannick Lepage. « On sondait le terrain, on voulait voir ce que ça allait donner ». Par conséquent, les prochains numéros risquent d’être différents, ne serait-ce que parce que le duo compte recruter des collaborateurs et qu’il aura plus de temps pour monter le produit. Le magazine conservera tout de même « un contenu très local » centré sur « le thème du tatouage, sans s’y limiter ».

Le visuel risque également d’évoluer, confie Maëlla qui compte acquérir un bon bagage en design graphique sur les bancs de l’Université Laval. « J’ai beaucoup rushé pour savoir comment faire. […] La revue est très simple en ce moment parce que je n’avais pas les notions nécessaires pour faire des trucs complexes et sophistiqués. »

Les femmes ont « quelque chose de plus fondamental à exprimer à travers leurs tatouages ». – Yannick Lepage

Au féminin

Contrairement aux classiques du genre, Tattoo Qc ne verse pas dans le sexy à outrance. « On voulait quelque chose de très artistique, que l’image projetée ne soit pas surnaturelle, avise Maëlla. On voulait des gens qu’on voit dans la rue, pas des super modèles. C’est plus humain comme revue que ce qu’il y a sur le marché. »

Ces modèles sont justement le cœur du premier numéro, centré sur la relation qu’entretiennent les femmes avec cet art corporel. Elles sont de plus en plus nombreuses à se faire tatouer, constate Yannick, et ce n’est pas étranger à cette conception selon laquelle « le tatouage est une forme de prise de possession de soi et d’émancipation ».

Pour la majorité des femmes approchées, chaque œuvre de chair possède sa signification alors que les hommes avouent plus souvent opter pour l’esthétique. Ce qui fait dire à l’enseignant que les femmes ont « quelque chose de plus fondamental à exprimer à travers leurs tatouages ».

« Un tattoo pour moi, c’est une œuvre d’art : tu n’as pas le droit de copier. – Maëlla Lepage

Un art en soi

Le père comme la fille sont d’avis que le tatouage est le fruit d’une démarche artistique. C’est un art qui requiert un sens artistique très fort autant qu’un savoir-faire patent. « Ce n’est pas juste mettre de l’encre. Pour qu’un tatouage soit réussi, il y a plusieurs éléments qui entrent en ligne de compte : l’emplacement, la connaissance du corps et du médium pour que l’idée de la personne se matérialise », explique Yannick.

C’est d’ailleurs pour « rendre compte du côté artistique du tatouage en photo » que le duo a opté pour le format magazine, se souvient l’enseignant en bureautique au Cégep Garneau.

L’avis de sa fille est encore plus tranché. Celle qui étrenne un nouveau tattoo aux sept mois en moyenne préfère les œuvres d’art uniques aux dessins mille fois faits et refaits, comme « une envolée d’oiseaux sur l’épaule, un code barre dans le cou ou une petite flèche sur le doigt ». « Quand quelqu’un l’a déjà, c’est quelque chose que tu ne devrais pas faire selon moi. Un tattoo pour moi, c’est une œuvre d’art : tu n’as pas le droit de copier », ajoute-t-elle, catégorique.

Pour l’heure, Tattoo Qc est disponible en format papier à la coop du Cégep Garneau et peut être commandé en ligne. Une version numérique pourrait bientôt voir le jour, annonce Yannick Lepage, qui vise deux parutions par année.

Un moment marquant

Bien qu’il ne se soit jamais passé sous le pistolet à encre, Yannick Lepage est un mordu de cet art depuis qu’il a appris, étant jeune, que son père s’est déjà tatoué lui-même le bras.

Contrairement à son paternel, Maëlla a plus d’une visite chez le tatoueur à son actif. « Ça fait depuis le milieu du secondaire que je sais que je veux des tattoos », relate la nouvelle universitaire. Comme tous les autres qui ont suivi, son premier tatouage symbolise un moment important de sa vie. Le petit oiseau qu’elle porte depuis ses 16 ans lui rappelle sa première relation amoureuse « qui était vraiment malsaine ». « Ça a été difficile de m’en sortir alors je me suis fait tattouer un oiseau pour me dire qu’à partir de ce moment, je serais tout le temps libre. »

 

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