Une soirée de poésie et de réconfort

C’est dans l’ambiance feutrée et chaleureuse de la Librairie Saint-Jean-Baptiste que s’est réunie, vendredi dernier, une soixantaine d’amateurs de poésie de tous âges, en réponse à l’invitation du Collectif Ramen. « Plus forts que novembre », tel était le mot d’ordre et le thème de cette soirée marquée par une certaine tristesse et surtout, un grand besoin de réconfort.

Tour à tour, une vingtaine de poètes se succèdent pour présenter leurs textes au micro, à commencer par les trois invités de la soirée : Pascale Bérubé, Éric Leblanc et Paméla Couture. Ces deux derniers, comme certains membres du Collectif Ramen, réalisent présentement une maîtrise en études littéraires à l’Université Laval.

Trois poètes, trois styles

C’est Éric Leblanc qui brise la glace, de belle manière, en présentant De ces hommes, le poème qui lui a permis d’être finaliste au Prix de la poésie de Radio-Canada. Il enchaîne par la suite avec deux autres de ses créations, dont une au sujet la photographie, une de ses passions.

Puis, c’est au tour de Pascale Bérubé, artiste prolifique qui décrit sa poésie comme « féminine et féministe, qui s’inscrit dans un univers à la fois violent et girlie, et où le lyrisme, l’onirisme et le pop ont l’habitude de se côtoyer ». Ses influences proviennent d’auteures-poètes comme Chelsea Hodson, Juliet Escoria et Monica McClure, qui offrent des voix de femmes contemporaines qui n’ont pas peur des mélanges de genres.

Enfin, Paméla Couture conclut la première partie avec une suite poétique très personnelle, sur laquelle elle travaille depuis près d’un an et dont elle a fait son projet de maîtrise. Cette suite d’une trentaine de poèmes propose un langage oralisé et actuel avec des thèmes touchant les jeunes adultes, comme l’amour et la sexualité au temps de Facebook et de Tinder. Paméla vise éventuellement à en faire un recueil d’une soixantaine de textes. Du côté de la recherche, elle réalise son mémoire sur la poète Maude Veilleux, une grande source d’inspiration pour elle, tout comme Patrice Desbiens.

Un micro pour tous

Après la pause, les poètes amateurs s’enchaînent, du plus touchant, au plus drôle. Il y a Rosa, et son texte Amélie, traitant du viol dans un mélange de violence et de retenue qui émeut. Sébastien, qui se demande, à travers la poésie, s’il y a un moyen pour les hommes de se débarrasser de « cette pression qu’on a de correspondre au modèle désirable répandu pour se sentir valable comme être humain ». Il y a aussi Érika, avec son texte cru et dur sur le viol, intégrant quelques références à Donald Trump et à son malheureux « Grab them by the pussy ».

Si la plupart des textes s’inscrivent dans une sorte de courant triste et mélancolique, certains autres ramènent le sourire, et même le rire. C’est le cas pour le poème satyrique d’un des membres du collectif, Anaël Turcotte. Son texte Read Less présente une critique de la culture populaire et de cette option proposées dans les articles de lire moins. « Read less, comme une invitation à mourir », dit-il.  Le poète termine en proposant un « chant funèbre pour la poésie », qui se résume à un seul mot : « Byeee », prononcé d’une voix chantante et caverneuse.

La prochaine soirée de poésie du Collectif Ramen se tiendra le 16 décembre à 19 h 30 à la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Les rencontres se déroulent toujours le troisième vendredi du mois, à la même heure et au même endroit.

 

Consulter le magazine