Plein(s) Écran(s) en met plein la vue

Du 15 au 25 janvier dernier se déroulait la quatrième édition du Festival Plein(s) Écran(s). Quatre courts métrages par jour présentés sur leur page Facebook. Avec Julianne Côté comme porte-parole, une classe de maître et la rétrospective de Chloé Robichaud, 24 films québécois, 8 français, le festival n’a rien à envier à aucun autre.

Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre arts

Affiche 2020 du Festival Plein(s) Écran(s)
Ceux qu’on ne voit jamais

Les courts métrages, il s’en fait des tonnes chaque année au Québec, en France, partout. Leur diffusion est encore assez lacunaire, parce qu’à moins d’habiter dans les grands centres comme Québec et Montréal ou de pouvoir assister à des soirées de visionnements à d’autres festivals, c’est assez difficile d’y accéder. C’est là toute la pertinence de Plein(s) Écran(s) : démocratiser encore un peu plus l’accès à la culture. Évidemment, dans un monde idéal (ou juste un peu mieux), on pourrait regarder des courts métrages toute l’année et pas seulement pendant dix jours de celle-ci. Il est de plus en plus courant, surtout chez nos voisins du Sud, de présenter dans les cinémas, juste avant le « programme principal », un court métrage.

 

Chloé Robichaud

À seulement 32 ans, Chloé Robichaud est, selon moi, l’une des plus grandes réalisatrices de la dernière décennie au Québec. Entre ses deux longs métrages, Sarah préfère la course (2013) et Pays (2016), il y a tout un monde. Ambiance, trame narrative, montage, presque tout diffère, mais je ne sais pas, il y a quand même quelque chose qui les relie. Une sorte de filiation qui transparait dans la composition soignée des plans, dans les silences, les pauses qui transpercent les os. Sinon, Féminin/ Féminin et Trop sont deux séries/web-séries plus légères, mais tellement brillantes (les dialogues de Marie-Andrée Labbé délicieux).

 

Les étiquettes, c’est pour les pots Mason

En plus d’offrir une programmation paritaire, le Festival Plein(s) Écran(s) se refuse le droit de catégoriser les films qu’il présente. Il n’est pas question de genres mineurs. Les drames sentimentaux, les films d’animation ou « d’horreur », les documentaires, tous entrent par la grande porte et bénéficient de la même vitrine.

Coups de cœur en rafale

A night Of Sweats – Rémi Fréchette  Juste drôle et absurde. Hilarant faux doublage.

Le Pigeon – William Mazzoleni  Se regarde comme une soirée de septembre.

AMIES – Marie Davignon Tension palpable. Anxiogène à souhait.

Brotherhood – Meryam Joober  Visuellement superbe. Des acteurs qui portent les notions de pardon et de fratrie avec justesse.

Disco Still Sucks – Alexanne Desrosiers  Sensible. Simple, mais tout semble avoir été créé avec tellement de précision.

Foyer – Sophie B. Jacques  Montage irréprochable. Anxiogène encore.

Jeep Boys – Alec Pronovost  Si vous avez aimé la web-série Le Killing, vous serez ravi.es.

La couleur de tes lèvres – Annick Blanc Aucun dialogue, et ironiquement l’un des films les plus parlants de la programmation.

Recrue – Pier-Philippe Chevigny À cheval entre l’image à glacer le sang d’un Québec de 2022 refermé sur lui-même et la tendresse de l’amour paternel. Jeune acteur qui perce le cœur.

Pauline Asservie – Charline Bourgeois Tacquet Hilarant parce que j’ai l’impression qu’on est tous un peu Pauline, effrayant pour la même raison. Actrices brillantes.

Tous les films présentés par Plein(s) Écran(s) peuvent être vus ou revus sur la page Facebook officielle du festival.

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