Théorie du deuil : surmonter l’insurmontable

De façon tragique ou prévisible, la perte d’un proche est une situation éprouvante qui fait ressurgir plusieurs émotions chez une personne endeuillée. Suzanne Bernard, thérapeute du deuil, reçoit depuis un peu plus de 30 ans à son bureau de Québec des gens désirant recevoir du support dans leurs pertes émotives. Une démarche qui s’inscrit dans une volonté de guérison avec soi-même.

Par Andréi Audet, journaliste multimédia

À la suite d’un accident de voiture qui a coûté la vie à son fils, et dans lequel elle a subi de graves blessures, Mme Bernard a décidé de se consacrer aux questions délicates qui touchent le deuil.

« Ça m’a donné envie de réaliser un doctorat sur le thème de la mort. Par la suite, j’ai suivi des formations sur le deuil avec Jean Monbourquette, un pionnier en la matière. Il m’a alors incitée à devenir thérapeute, puisqu’il n’y en avait pas beaucoup au Québec, et j’ai donc décidé d’ouvrir mon bureau de consultation. »

S’épauler à quelqu’un

Un client désirant un accompagnement dans son deuil ne sait pas toujours à quelle porte cogner.

« Il n’est pas nécessairement conscient de rechercher quelque chose. Il s’attend à ce que la personne qui va être là pour lui l’écoute et ne la juge pas », explique Mme Bernard.

Le travail de réception des émotions

La thérapeute se concentre surtout à bien recevoir les émotions lorsqu’elle entre en consultation avec une personne.

« Je dois accueillir les émotions telles qu’elles se présentent. Pour une personne, c’est important de ne pas les refouler. Il est donc primordial qu’elle doive être capable de me les exprimer, et la clé pour cela, c’est d’être présent pour la personne endeuillée. Il ne faut pas penser à autre chose que ce qui se vit dans le bureau. Ici et maintenant. Toutes les personnes vont passer par là si elles veulent aspirer à se libérer de la souffrance »

Perdre subitement un proche rend l’endeuillé plus susceptible de réagir avec intensité face à la mort, puisqu’il n’a pas nécessairement le temps de se faire à l’idée de ne plus jamais revoir la personne décédée.

« On peut vivre plus d’émotions fortes lorsqu’un proche décède subitement. Si quelqu’un meurt d’un cancer, et qu’on l’accompagne vers la mort, et bien il y a au moins une préparation au niveau du deuil qui deviendra anticipé », nuance Mme Bernard.

La démarche pour guérir

Afin d’accroître les chances de réussite dans sa démarche de guérison, la personne doit vouloir s’impliquer à travers les différentes étapes de celle-ci, selon celle qui a déjà enseigné à l’Université Laval.

« Certaines personnes vont aller au bout du processus, puis qui vont être libérés complètement de leurs souffrances. Si la personne résiste et qu’elle veut plus ou moins, elle va avoir de la difficulté à passer au travers le
processus. Ça part vraiment plus de la personne que de la démarche comme telle »

De fausses croyances circulant sur la perte d’un proche peuvent être des freins dans le processus.

« Une des fausses croyances, c’est que lorsqu’on a perdu un être cher, on ne pourra jamais s’en remettre. Je suis la preuve qu’on peut s’en sortir, et même aider les autres à passer au travers », rappelle Mme Bernard.

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