Légalisation du cannabis : Le débat relancé

Vendredi dernier, une étude de la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC) a affirmé que l’État canadien retirerait de trois à dix milliards de dollars annuellement en légalisant le cannabis. Le rapport a, du même coup, relancé les débats à ce sujet, la population se posant tantôt favorable, tantôt indignée. Il y a du bon ; il y a du mauvais. Il suffit de faire la légalisation intelligemment.

Socialement, les plus grandes problématiques du cannabis touchent l’implication du crime organisé dans sa distribution et sa proximité avec les jeunes. Des millions sont investis depuis fort longtemps, au Canada, pour combattre le fléau. Sauf que la consommation n’a pas diminué et les mentalités n’ont pas changé. Historiquement, la prohibition de l’alcool n’a jamais rien modifié non plus à la criminalisation et la consommation. C’est plutôt sa légalisation qui a engendré de tels effets, à mon sens, en stabilisant la production.

Parlons de ce cadre légal qu’il faudrait appliquer, le cas échéant. Parce que même si une légalisation me paraît socialement plus valide, je ne pense pas pour autant qu’elle devrait être appliquée sans réflexion. Tout au contraire, la distribution devrait, selon moi, revenir aux pharmacies, dont l’usage limité représente une réalité du quotidien. De la même manière que sont vendus les médicaments narcotiques, le cannabis serait alors dans les mains de gens compétents. Des professionnels formés à limiter la consommation chez les jeunes et à reconnaître l’apport thérapeutique et l’administration responsable de la substance.

Toutefois, si l’État canadien en vient à légaliser la chose, nous ne devrons collectivement pas verser dans la banalité et contrôler l’abus qui sera plus accessible que jamais. Il faudra également assurer l’indépendance du marché et l’intégrité des capitaux qui en émanent.

Comme le gouvernement deviendra le gérant de cet important marché, ce sont ses actions qui compteront le plus dans le changement des mentalités. La légalisation devra s’accompagner d’une sensibilisation quant aux impacts du cannabis. Elle devra venir avec une explication des motifs décisionnels et de l’impact sur notre devenir collectif.

Pensons ensuite aux coûts que représentent le contrôle de cette drogue et les résultats peu concluants qui y sont associés. Ces coûts deviendraient des revenus, redistribués à la recherche, la sensibilisation et la qualité des substances en circulation. Nous avons tous intérêt à disposer un tel enjeu dans les mains d’un gouvernement, et à retirer la vache à lait du milieu criminel.

Dans ces conditions seulement, légalisation devra réellement dire responsabilisation, puisque la réalité du cannabis deviendra un projet de société.

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