Maladie d’amour
Jimmy Hunt
Grosse Boîte
Deux éléphants qui copulent. Voilà ce qui illustre Maladie d’amour, second long projet solo de Jimmy Hunt. Mais au-delà de cette pornographie zoophile, Hunt réussit-il à retenir notre attention?
Dès son premier album éponyme, le jeune chanteur folk-rock avait déjà conquis la critique avec sa voix de charmeur et ses maux doux. On se serait donc étonné de le voir troquer son chant singulier, sa poésie désinvolte et sa guitare franche pour toute autre chose de moins authentique. Une simplicité nue qui fonctionne. Jimmy Hunt n’a pas trop changé. Il a seulement enfilé quelques vêtements de laine synthétique aux couleurs des années 80. Des synthés psychédéliques que l’on se plaît à réentendre dans le son des bands d’aujourd ’hui et qui lui vont à ravir. Une sexualité chantée, une douceur capable d’arrogance, un kick/snare à la française, des expérimentations électroniques d’un autre monde; on avoue qu’il pourrait à l’occasion inspirer la version québécoise de Sébastien Tellier.
On ne donne toutefois pas l’impression d’avoir tricoté le morceau à la mode, pour se fondre au décor. Christophe Lamarche-Ledoux, Emmanuel Ethier et Jimmy Hunt réussissent à porter ce qui est au goût du jour puis à détoner. Le choix esthétique des sons et ambiances, mêlé à ce que l’on connaît du chanteur et parolier québécois, produit un aboutissement particulier, certes, mais logique. Si le premier disque prenait par moments des allures de cowboy, Maladie d’amour conserve cette ambivalence dans ses textes.
Quatorze pistes qui, dans un élan d’amour idéal, vacillent entre les peines et les joies du sujet. Entre éphémère et éternel. Entre Antilope et Un corps nouveau, c’est la danse et l’émoi. Puis Maladie d’amour – la pièce – constituée que de l’enregistrement ébauché d’une guitare acoustique et de la voix bien évidente de Jimmy Hunt, interrompt le coït éléphantesque entre électro et folk-rock. C’est une maladie mentale, y dit-on sur une suite de notes mélancoliques.
Au final, on se sent vidé. Comme l’ébat débutait sur des images animalières, la progression s’étoffait et l’accalmie nous avait reposé, il semble alors que le relent des derniers morceaux nous achève.
4/5 Sébastien Blondeau