Vies de réfugiées

Des hommes et des femmes qui attendent pour recevoir leur ration alimentaire bimensuelle. Deux photos de classe : des garçons assis sur des bancs d’école, des visages de fillettes recouverts de voiles colorés. Des produits alimentaires étalés dans un mètre carré. Des maisons construites en poteaux de bois, le toit en herbe. Des enfants s’envolant sur des balançoires. Un homme portant un sac de riz. Des terrains entourés de barbelés.

Ces images font état de la vie dans les camps de Ifo, de Hagadera et de Dagahaley, au Kenya. Elles ont été exposées vendredi dernier dans l’Agora du Pavillon Desjardins afin de sensibiliser la population étudiante à cette réalité. La grande majorité des réfugiés qu’on y aperçoit sont des Somaliens qui ont fui leur pays, en guerre civile depuis 1991. Le pouvoir en place a été chassé. Les gouvernements de transition se succèdent depuis, sans parvenir à rétablir la paix dans le pays.

«Plus on connaît la réalité des réfugiés, mieux on peut les aider», explique Catherine Veillet-St-Amant, qui est aussi vice-présidente de la branche lavalloise de EUMC. L’organisme parraine des étudiants réfugiés pour leur permettre de suivre une formation universitaire au Canada. L’EUMC-Laval reçoit deux étudiants par année.

Eraste Jean-Pierre en est aujourd’hui à sa première année au baccalauréat d’économie à l’Université Laval grâce à ce programme. Il vivait dans un camp de réfugiés au Malawi avant son arrivée à Québec en août 2008. Ces études au
Canada lui permettront un jour de réaliser son rêve : devenir banquier.

L’EUMC a accueilli son millième étudiant en 2008. «Mais on ne peut pas les parrainer s’ils ne se rendent pas jusqu’au secondaire cinq», insiste Catherine Veillet-St-Amant. Son regard se tourne vers une photo où un tableau récapitule le nombre d’étudiants, par sexe, qui vont à l’école à Ifo.

En 2000, à peine un étudiant sur dix était une fille. Huit années plus tard, 24% d’entre elles fréquentent l’école. Les étudiantes doivent aussi participer aux tâches ménagères. Elles ne consacrent que la fin de la journée aux études. Le soir, sans accès à l’électricité, la tâche devient plus difficile.

Au Rwanda, son pays d’origine, Eraste Jean-Pierre a achevé ses études secondaires. Il est conscient que les conditions ne sont pas parfaites pour faire des études dans les camps. Si l’accès à l’éducation est gratuit dans les camps de réfugiés, les étudiants doivent tout de même débourser un peu d’argent pour payer les outils scolaires et pour rémunérer les personnes qui viennent faire le ménage dans les salles de cours.

Des milliers de Somaliens continuent d’être contraints de quitter leur pays vers des camps comme ceux qu’a visités Catherine Veillet-St-Amant. Hasard ou coïncidence, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés annonçait la journée même de l’exposition, que plus de 200 000 Somaliens.

Auteur / autrice

Consulter le magazine