L’été
Philémon Cimon
Audiogram
« Album d’un amour d’été », c’est comme ceci que commence cette critique du dernier opus de Philémon Cimon, L’Été. Quel type de musique bon nombre d’entre nous s’imaginent-ils, maintenant que l’album a été réduit à 4 mots? On entend, peut-être, une pop à la saveur d’agrumes gorgée de soleil, rafraîchissante sur la plage et parfaite pour faire virevolter de belles longues jupes. Un vrai scénario de comédie romantique dans lequel une Sandy rencontre son Dany. Durant les trois premières pièces (Soleil blanc, Au cinéma, Julie July), Cimon nous chante sa version du béguin estival dont on a tous rêvé. Pour le reste de l’album, le rêve prend un chemin définitivement plus sombre.
Après de douces mélodies ensoleillées, amoureuses et un peu naïves, la pénombre tombe. Le chanteur nous offre 9 chansons empreintes d’une légère lumière mélancolique aux teintes variées, mais similaires, passant du rose crépuscule au bleu nuit. Les accords à saveur de gomme baloune sont encore présents, mais ils ont perdu leur côté purement pop, au profit d’une atmosphère plus tourmentée. Par exemple, il ne faut pas se fier à son titre, Des Jours est définitivement une chanson d’un début de soirée d’août légèrement brumeuse. Le doux spleen d’un baryton et la délicatesse de quelques cordes font descendre la température sans, pour autant, qu’on ait besoin d’une petite laine.
La nuit devient totale lors de Chose étrange, une des pièces les plus marquantes de l’album. Une sexualité désabusée, crue, et parfois troublante, est décrite par le chanteur, qui murmure des lignes telles : « J’ai vu une chose étrange, au fond de ton cul/comme un dégoût de l’humanité » ou « Tu donnes ton corps comme on donne la mort. »
L’été que nous offre Philémon Cimon est une saison ambivalente où la beauté juvénile de l’attirance naissante finit par être pervertie par l’obscurité. La naïveté du début de l’amour, dont l’éclat se voit d’abord louangé, est transformée par la plume de l’artiste en des souvenirs où douleur et plaisir se côtoient. Les textes sont appuyés par des arrangements musicaux d’une grâce fragile, joués avec attention et minutie par chaque musicien. Des moments de folle intensité bien concentrée dispersée çà et là viennent nous surprendre agréablement. En fin de compte, c’est avec un intérêt (malsain?) que l’on suit l’artiste qui s’enfonce dans les aléas de la désillusion qu’une rupture provoque.