En 2007, il y a eu Me, Myself and Us, avec ses 300 000 copies vendues et l’énorme succès de Gate 22. Puis, ce fut le tour d’A Letter to No One, injustement ignoré en dépit de ses pièces qui, malgré un son peut-être plus générique et moins personnel, n’en étaient pas moins sensibles et terriblement efficaces. Près de trois ans après ce retour difficile, Pascale Picard nous revient avec un troisième opus franchement réussi.
Le style de la chanteuse n’a guère changé, même s’il s’est affiné avec le passage des ans : Pascale Picard nous propose toujours une musique pop-rock accrocheuse, même si celle-ci se fait plus tendre pour ce nouvel album. L’artiste a opté cette fois pour des ambiances moins lourdes, et assume pleinement le côté plus acoustique de son dernier-né. Le ton est calme, les arrangements sont simples et élégants, quoique non dénués de quelques originalités mélodiques et musicales. L’auteure-compositrice-interprète livre des textes émouvants, et nous partage tant ses remises en question (Tomorrow’s Another Day, lucide et lumineuse) et que ses amours torturées (Without You, douce et résignée). Parfois, les élans vifs et fulgurants de la Pascale Picard des premières années refont surface, comme dans la merveilleuse Haunted States, au son plus grunge, solidement ancré, ou alors dans la vivifiante Paper Planes, à la mélodie rapide et électrisante — et au débit accéléré ! En vérité, chacune des dix pistes mérite une écoute attentive, et aucune ne déçoit : le produit est d’une grande qualité, tant dans ses passages les plus calmes (Hey Tim, attendrissante) que dans ses accès de joyeuse énergie (Runaway, inspirée et entêtante).
Tantôt plutôt épuré, tantôt hanté par le son des guitares, la mélodie accrocheuse d’un piano ou le battement rythmé des percussions, l’univers musical de l’album bénéficie de l’apport des complices expérimentés de Pascale Picard : Philippe Morissette à la basse, Marc Chartrain à la batterie et aux percussions, Louis Fernandez à la guitare électrique et Stéphane Rancourt (qui réalise aussi l’album) au piano et aux synthétiseurs font tous de l’excellent travail. Quant à Pascale Picard, qui tâte entre autres de la guitare acoustique, sa voix charme toujours autant, quel que soit le registre ou le rythme adopté. Cette nouvelle offrande musicale, sans rien réinventer, nous prouve cependant une fois encore toute l’étendue de son talent. All Things Pass est définitivement un album de qualité, sensible et divertissant, qui remplit pleinement ses promesses.
3,5/5