Libérer la lecture par le passe-livre

Cette semaine, plusieurs endroits publics se transformeront en petites bibliothèques à ciel ouvert. Ne soyez donc pas surpris si vous tombez par hasard sur un livre abandonné dans un café ou sur un banc de parc. Osez le prendre ! Qui sait, peut-être ferez-vous de belles découvertes littéraires ?

C’est lors d’un voyage réalisé l’été dernier que Kim Vincent et Julie Patenaude ont eu l’idée d’« Oublie un livre quelque part », évènement qui se tient du 8 au 14 septembre. Les deux jeunes Montréalaises avaient alors laissé un livre dans un hôtel pour que le premier quidam qui tombe dessus découvre la littérature québécoise. À leur retour, inspirées de la journée « J’achète un livre québécois », elles décident de créer un évènement inspiré du concept du passe-livre, ou bookcrossing en anglais. Ce mouvement est loin de se limiter au site bookcrossing.com fondé en 2001 par l’américain Ron Hornbaker: il a inspiré nombre d’initiatives partout à travers le monde. Le principe est simple : partager ses coups de cœur littéraires en les abandonnant dans des endroits publics. Il en va de même pour le concept de « Oublie un livre quelque part » : « Il suffit de laisser un livre n’importe où. Vous pouvez ajouter une petite note à l’intérieur de ce dernier, c’est à votre discrétion. Ensuite, on partage les découvertes que nous faisons en publiant une photo du livre trouvé accompagné du mot-clic #Partagelitt », expliquent Kim Vincent et Julie Patenaude. La formule semble plaire : au moment d’écrire ces lignes [NDLR : lundi 8 septembre à 11h], l’initiative avait touché près de 40 000 participants potentiels des quatre coins de la francophonie. « Nous avons des messages de gens en Europe et de l’Île de la Réunion », affirment fièrement les deux initiatrices du mouvement.

Libérer les coups de cœur littéraires

« Oublie un livre quelque part » n’est pas la seule initiative québécoise inspirée de la pratique du passe-livre. Dans les dernières années, plusieurs projets similaires ont été lancés aux quatre coins de la province. Depuis 2006, des dizaines de librairies et d’écoles de la grande région de Montréal mettent des présentoirs à la disposition de ceux qui veulent y laisser des livres. Depuis cette même année, « Livres en fête ! » invite les lecteurs de Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine à partager leurs ouvrages favoris. À Québec, la pratique du passe-livre doit beaucoup aux efforts de Gabrielle Brisebois et Catherine Blaquière, fondatrices de « Libérez les livres ! ». Depuis sa fondation en 2011, le projet fait beaucoup parler de lui, entre autres grâce à la visibilité que lui a offert sa distinction au gala Forces Avenir en 2012. Cette version améliorée du passe-livre est davantage adaptée au climat capricieux de la Belle Province. « On se disait que le bookcrossing c’est beau, c’est merveilleux, mais les gens ne peuvent pas abandonner un livre sur un parc à longueur d’année au Québec », explique Catherine Blaquière. Ah que la neige a neigé, mon livre est un jardin de givre… D’où l’idée de créer des points de partage pour protéger les livres d’une détérioration certaine. Avec le temps, ces petites bibliothèques rudimentaires se sont multipliées jusqu’à sortir de la Ville de Québec, voire de la province. On en retrouve tant au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en Abitibi-Témiscamingue qu’en France, en Corse et en Guadeloupe.

Le projet des deux étudiantes en littérature de l’Université Laval incite les gens à lire davantage, voire à lire tout court. « L’objectif de  » Libérez les livres !  », c’[est] de démocratiser la lecture, de faire entrer le livre dans la vie des gens, mais aussi de les emmener à découvrir une variété de livres auxquels ils n’auraient pas pensé au départ », poursuit Catherine Blaquière. Le passe-livre encourage effectivement les lecteurs à sortir de leur zone de confort. Oseriez-vous prendre un classique de la science-fiction si vous ne lisiez que des romans québécois ? Plonger dans une bande dessinée si vous étiez un habitué des ouvrages historiques ? Pour le plaisir de la découverte, pourquoi pas ? Après tout, « si quelqu’un l’a déjà lu, l’a déjà aimé, c’est que forcément, il y a un autre lecteur qui l’attend quelque part. »

Le concept vous emballe ? Bandes dessinées, essais, romans, livres de cuisine : les possibilités sont infinies. Petits et grands lecteurs, l’appel est lancé. À vos livres, prêts, passez !

Passer des livres à longueur d’année

Après le 14 septembre, vous pourrez toujours profiter de la trentaine de points de partage « Libérez les livres ! » de la ville de Québec. Sur le campus universitaire, on dénombre 8 points de partage :

–      Le Café Fou ÆLIES;

–      Le Hall Nelligan de la Faculté des Lettres au 3e étage du pavillon Charles-De Koninck;

–      Dans le passage du local 0320 du pavillon Palasis-Prince;

–      Dans le local 1629 du pavillon Alphone-Marie-Parent;

–      Dans la salle d’étude (local 2197) du pavillon Agathe-Lacerte;

–      Près de l’entrée de la bibliothèque scientifique du pavillon Alexandre-Vachon;

–      Au Bureau de la vie étudiante (local 2344) du pavillon Alphonse-Desjardins;

–      Dans la cafétéria du pavillon Paul-Comtois.

Pour la liste complète des points de partage, consultez le site internet du mouvement (liberezleslivres.com)

Auteur / autrice

  • Kim Chabot

    Journaliste culturelle dans l’âme et historienne de formation, Kim est passionnée par la littérature, les arts visuels et le théâtre. Elle aime découvrir de tout, des grands classiques aux projets artistiques de la relève. Pour elle, les scènes de l’Université Laval et de la Ville de Québec sont des gros terrains de jeux aux possibilités infinies. Elle nourrit aussi un grand amour pour la langue française, au grand dam de ceux qu’elle reprend inlassablement pour des « si j’aurais ».

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