Utilisation d’animaux en pédiatrie : Les vegans récidivent

Une dizaine de personnes ont manifesté mercredi 1er octobre devant le Pavillon Alphonse-Desjardins afin de protester contre l’utilisation d’animaux vivants dans la formation en pédiatrie. La Faculté de médecine avance quant à elle l’excellence de sa formation.

« Cessez l’utilisation d’animaux », « Passez à la simulation » : tels étaient les slogans arborés par la poignée de manifestants venus s’indigner des pratiques de la Faculté de médecine de l’Université Laval. Leur revendication : exhorter l’Université à cesser l’utilisation de porcelets pour enseigner des compétences chirurgicales aux résidents en pédiatrie.

« L’Université Laval est la seule université canadienne à faire un tel usage d’animaux vivants. Tous les autres résidents en pédiatrie utilisent des simulateurs de bébés. Ces simulateurs sont très efficaces, voire même d’une efficacité supérieure à l’utilisation d’animaux », indique Zahra Kassam, professeure adjointe à l’Université de Toronto et porte-parole du Comité des médecins pour une médecine responsable.

Au printemps dernier déjà, ce regroupement d’activistes avait commencé sa campagne de communication et de mobilisation en placardant des affiches sur le campus dénonçant les pratiques de la Faculté de médecine.

Le Comité des médecins pour une médecine responsable prône l’utilisation de simulateurs de bébés dans la formation des futurs pédiatres. « Si on utilise les simulateurs, on peut s’entrainer encore et encore sur le même objet ; ce qu’on ne peut pas faire avec des animaux vivants », fait remarquer Mme Kassam.

Les citoyens présents à la manifestation ont davantage mis de l’avant le côté végétaliste. « Je suis vegan, et je suis ici pour défendre les animaux. J’ai appris que l’Université Laval utilisait des porcelets pour sa formation en pédiatrie. Mais il y a d’autres moyens de faire que d’utiliser les animaux », déclare Laurie Jay, résidente de Québec venue soutenir les médecins activistes.

« Un complément essentiel à la formation »

Du côté de la Faculté de médecine de l’Université Laval, la ligne est claire : « On respecte le droit de manifester des gens, mais on est convaincu qu’on a pris les bonnes décisions pour la formation de nos étudiants », affirme Bruno Piedboeuf, vice-doyen exécutif de la Faculté de médecine. Ce dernier rappelle l’excellence des programmes et des soins prodigués à l’Université. « Nous voulons pousser l’autonomie de nos étudiants. Quand un médecin est seul face à un cas, il faut qu’il puisse intervenir », souligne-t-il.

M. Piedboeuf précise que seulement 6 à 12 porcelets sont utilisés chaque année, et ce uniquement pour des gestes techniques particuliers « pour lesquels il n’existe pas de matériel artificiel qui puisse répliquer ce qu’on a chez l’être humain ». Le vice-doyen cite le cas des drainages thoraciques. À l’inverse, « la réanimation se fait sur des mannequins », assure-t-il.

« On utilise les poupées. On a un centre de simulation ici à l’Université Laval qui est de renommée nationale, voire internationale. Les animaux, c’est un complément qu’on juge essentiel à la formation des médecins résidents », poursuit M. Piedboeuf. Le vice-doyen explique que dans le cas des drainages, le trou est déjà fait dans les poupées – simulateurs qui coûtent près de 100 000 $ pièce. « Le geste technique est de moindre qualité avec le mannequin, car les étudiants n’ont pas à réfléchir à où mettre le drain et il n’ont pas à perforer la cage thoracique. Cette sensation désagréable est essentielle à apprendre. Il faut qu’à un moment donné le médecin ait le courage de faire ce geste », commente-t-il.

Concernant la protection sanitaire des animaux, le vice-doyen de la Faculté de médecine assure qu’il n’y a pas de souffrance de l’animal. « On est clair là-dessus. Si on ne respectait pas la loi, on perdrait toutes nos capacités de recherche sur les animaux. On ne lésine jamais avec les règlements autour de l’utilisation des animaux », conclut-il.

Auteur / autrice

  • Margaud Castadère-Ayçoberry

    Derrière ce nom imprononçable aux accents d’outre-Atlantique, cette bordelaise rêve d’ici et d’ailleurs. Récemment graduée en journalisme international, elle poursuit une maîtrise en relations internationales. Journaliste active et enjouée, elle est constamment en quête de nouveaux sujets. Friande d’actualités, elle est aussi à l’aise dans une salle de rédaction, dans un studio de radio, ou à une terrasse de café. Malgré sa petite taille, elle sait se faire entendre et avec elle… le monde bouge !

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