Critique CD : Fanny Bloom

Avec son nouvel album Pan, Fanny Bloom se démarque tel un oasis glorieux dans le paysage musical québécois. La jeune interprète apparaît comme une source intarissable d’ambiances festives, voire une machine à confettis infinie.

On connaissait déjà les rythmes exotiques, presque tribaux de Piscine, premier extrait de Pan. Cet été déjà, il nous incitait à nous vêtir de paillettes pour aller cogner une piñata de par son ambiance formidablement vive. L’album, sorti le 23 septembre dernier, est tout aussi infusé de cette énergie électro-pop à saveur tropicale. Le tout est baigné de sonorités synthétiques rappelant les années 90 et faisant de Pan une œuvre aussi singulière qu’incontournable.

Si cette fièvre festive qu’annonçait Piscine anime l’album en général, elle est constamment jointe à des mélodies fort bien construites et follement séduisantes. Ainsi, se jouxtent les airs qui habitent l’esprit dès la première écoute et qui trahissent les années d’expérience en piano classique de Fanny Bloom. La cohabitation du saxophone, de la flûte de pan et du synthétiseur est assaisonnée de la voix à la fois aiguë et rauque de la musicienne.

Cette voix, puissante et gorgée de caractère, nous rappelle immanquablement le timbre musclé et complexe d’Ariane Moffat. Certaines pistes, dont Évidemment, dévoilent une fragilité proprement féminine évoquant Vanessa Paradis et sa voix de gamine, presque fiévreuse.

L’indiscutable omniprésence du thème de l’amour au sein de Pan permet toutefois l’exploration du sujet sous plusieurs trames. La force des textes découle essentiellement du fait que Bloom nous raconte sa propre histoire, réelle et moderne. L’amour chancelant et l’amour chanceux s’alternent sans cesse dans une authenticité qui émeut en même temps qu’elle apaise.

La septième piste de l’album tire son titre du roman Drama Queens de Vickie Gendreau, jeune auteure décédée d’une tumeur au cerveau à seulement 24 ans. Les paroles chargées de noirceur évoquent l’univers du livre en même temps que l’histoire tragique de l’écrivaine, à qui la chanson a été dédiée. Drama Queens est, sans conteste, le morceau le plus symbolique et bouleversant de Pan.

Comme l’atteste son deuxième album, Fanny Bloom n’a pas peur de surprendre pour séduire. L’éclectisme de son style et la sincérité de ses textes font de sa musique une sorte de vitamine pour l’âme dont l’écoute fait du bien.

4/5

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