Les pourparlers sont au point mort entre le Syndicat des auxiliaires administratifs, de recherche et d’enseignement (SA²RE) et l’Université Laval depuis l’annonce de nouvelles compressions dans le secteur universitaire. Le SA²RE, qui négocie la troisième convention collective des auxiliaires, dénonce la situation avec la tenue d’un vote de grève.
Dominique Lelièvre
« Les compressions dans les universités ont pour nous un impact très concret sur le processus de négociation », affirme Charles-Alexandre Bélisle, président du SA²RE. C’est que la rumeur d’une seconde vague de compressions à la mi-octobre, puis sa confirmation il y a quelques jours, a contraint les représentants de l’Université Laval à annuler deux séances de négociation pour revoir ses positions.
Devant cette impasse, les 5000 auxiliaires, sans contrat de travail depuis le 31 août dernier, se prononceront le 20 novembre sur la tenue d’une journée de grève.
La journée de mobilisation aurait lieu le 26 novembre, une date qui n’est pas anodine puisque l’Université Laval tiendra alors son Assemblée générale annuelle et un conseil d’administration. En effet, bien que le débrayage viserait d’abord à dénoncer « les politiques d’austérité du gouvernement Couillard », M. Bélisle invite aussi la haute direction de l’Université à poser des gestes concrets.
« On veut, d’une part, que l’administration dénonce ces coupes-là, et, d’autre part, qu’ils confient un mandat adéquat à leurs représentants pour qu’on soit en mesure de négocier une bonne partie de la convention collective malgré tout », explique-t-il.
Jusqu’à présent, les auxiliaires et leur employeur n’ont eu que deux rencontres, lesquelles ont essentiellement porté sur la présentation des cahiers de revendications. Le syndicat dit toutefois avoir senti de l’ouverture de la part de la partie patronale. « Le ton était assez cordial, on n’est pas en confrontation », précise M. Bélisle, qui refuse d’ailleurs de parler d’actions supplémentaires si une journée de grève ne suffisait pas à faire débloquer la situation.
Les stagiaires postdoctoraux, qui négocient pour leur part leur première convention collective sous l’égide du SA²RE, ne sont pas visés par le vote de grève. Ils constituent en effet une unité de négociation distincte et n’ont pas rencontré les difficultés de leurs confrères.
Premiers à écoper
Le président du SA²RE estime que les auxiliaires, qui assistent les autres membres du personnel dans l’enseignement des cours, le travail de recherche et les tâches administratives, seront parmi les premiers à subir les contrecoups de la réduction des budgets universitaires. « Les premiers touchés, quand il y a des compressions, c’est le personnel contractuel. C’est des auxiliaires et des chargés de cours aussi », dénonce M. Bélisle. Il estime que cela ne se fera pas sans conséquence pour les étudiants, qui profitent par exemple du soutien pédagogique des auxiliaires d’enseignement.
Victor Bilodeau, président du Conseil québécois des syndicats universitaires (CQSU), prévient lui aussi que les budgets amputés auront de lourdes répercussions. « Les coupures affectent les auxiliaires autant en tant que travailleur qu’étudiant. On est en train de sacrifier l’avenir du Québec pour l’atteinte à court terme d’objectifs comptables », fustige-t-il par voie de communiqué.
Aller de l’avant
Charles-Alexandre Bélisle insiste sur le fait que les négociations des auxiliaires peuvent se poursuivre malgré le contexte budgétaire difficile, puisque la plupart des demandes n’ont pas d’impact financier.
La diminution de la précarité d’emploi des auxiliaires est au cœur des revendications du syndicat, qui veut par exemple revoir la durée maximale des contrats des auxiliaires. Ceux-ci sont pour l’heure limités à une session et à quinze heures par semaine, alors que ce travail constitue souvent leur revenu principal. Le SA²RE souhaite également mettre un terme au problème de retards de paies vécu par ses membres et rendre obligatoire l’affichage de tous les postes d’auxiliaire.
Si des revendications salariales sont bien à l’agenda du syndicat, elles visent principalement à protéger le pouvoir d’achat des membres et à assurer une équité avec les autres travailleurs universitaires. Les auxiliaires espèrent également obtenir une meilleure reconnaissance de leur statut de travailleur.
L’Assemblée générale du SA²RE portant sur le vote de grève des auxiliaires aura lieu le jeudi 20 novembre 2014, à 16 h 30, au local 2850 du pavillon Alexandre-Vachon.