Deux camps s’opposent chez les astrobiologistes : ceux qui tentent de retracer des antécédents de vie sur Mars à l’aide de la télédétection classique et ceux qui croient qu’on pourrait détecter dès aujourd’hui des organismes vivants) de façon directe au moyen de marqueurs biologiques.
Selon Réjean Hébert, professeur titulaire du département de géologie de l’Université Laval, les chances de trouver des traces de la vie sur Mars dans le passé sont excellentes : «On peut faire des analogies avec le passé lointain de la Terre, au début de l'apparition de la vie, il y a 4 milliards d’années. On sait que l'atmosphère a drastiquement changé de composition à partir du moment où l'oxygène n'a plus été utilisé complètement pour oxyder la surface, mais bien pour contribuer à former des molécules complexes. Les formes de vie primitives pourraient être conservées», explique-t-il. «Comme il y a des morphologies impliquant l'érosion et la sédimentation, il est logique de penser qu'à un moment de l'histoire ancienne de Mars, des quantités d'eau significatives ont pu être stables», soulève-t-il.
Yvan Dutil, astrophysicien spécialiste de telles questions et chercheur associé à l’École de Technologie Supérieure de Montréal, va plus loin en expliquant pourquoi le premier groupe d'astrobiologistes qui prône la télédétection a présentement la cote : «Dès qu'une mission est identifiée comme une mission de détection de la vie, le protocole de protection planétaire se met en branle. Il faut alors désinfecter à fond la sonde, ce qui fait exploser les coûts. C'est pourquoi, jusqu'ici, on évite sciemment les sites les plus intéressants du point de vue de l'astrobiologie». Cela a pour conséquence de limiter l'intérêt d'utiliser des détecteurs de signature biologique, renchérit-il. «De plus, rien ne dit que les détecteurs basés sur des processus biochimiques fonctionneront avec de la vie martienne», souligne l'expert.
Des expériences récentes d’une équipe de chercheurs dirigée par Rafael Navarro-Gonzalez, de l’Université nationale autonome de Mexico, montrent que certaines traces de sels de perchlorate sont peut-être présentes dans le sol de Mars. Cette expérience, qui réutilise des données provenant des sondes Viking, pourrait donner un coup de pouce aux chercheurs militant au sein du deuxième groupe. «Le perchlorate est un composé très oxydant qui démontre que, localement, l'oxygène se trouvait en concentration élevée», rapporte l'étude. La vive activité du perchlorate pourrait de ce fait provenir de l'hydrolyse de l'eau. «La présence élevée d'oxygène et d'énergie pourrait signifier la vie», suppose-t-on.
On en saura néanmoins davantage sur les orientations que prendra la recherche de vie sur Mars avec l'élaboration et l'annonce imminente du budget qui lui sera dédié.