Vers un campus moins festif ?

À la Faculté de sciences et de génie, les événements festifs sont choses courantes. Sur le plan de l’organisation de « partys », l’association étudiante ne dérougit pas. Néanmoins, au vu de certains événements ayant eu lieu récemment, les organisateurs pourraient se voir mettre des bâtons dans les roues par diverses instances universitaires.

Dernièrement, l’Association des étudiants en Sciences et génie de l’Université Laval (AESGUL) a reçu beaucoup de blâme de la part de sa faculté et des autres instances universitaires. Tout commence le 25 septembre, après l’Oktoberfest. « C’était notre premier party, on ramenait le monde de là-bas. Il y a eu des débordements et on n’a pas pu contrôler ça. Par contre, la faculté nous a fait prendre une bonne partie du blâme », explique Joé Habel, vice-président aux affaires universitaires de l’AESGUL.

Les choses ne s’arrêtent pas là. « Jeudi et vendredi avant la relâche, il y a eu des partys. Lors du premier, il y a eu des graffitis dans l’école et des extincteurs vidés. C’était à l’extérieur de la zone de la soirée. En arrivant le lendemain, on s’est assuré de nettoyer tout ça », assure Joé Habel. Quant à la soirée du vendredi, d’autres dégradations mineures ont été causées. « Il y a eu des pots de fleurs vidés, il y avait de la terre dans le pavillon. Ça a tombé que le lendemain matin, la directrice exécutive et le doyen de la faculté sont rentrés travailler et ont vu ça », continue Joé. « Aussi, il y a eu deux ambulances : un gars qui est tombé par terre et qui s’est mordu la lèvre et un gars qui était dans le coma », renchérit Jean-Nicolas Rhéaume, directeur du bar de la faculté, la Dérive.

Un blâme trop grand

Si les gens de l’AESGUL sont prêts à admettre qu’il est possible d’améliorer les mesures de sécurité prises durant les événements impliquant de l’alcool, ils refusent de voir la chose comme leur entière responsabilité. « Ça nous fait plaisir de prendre le blâme qu’on a à prendre. On ne veut juste pas se ramasser avec tout le blâme. À un moment donné, on ne peut pas tout contrôler », conteste Joé Habel.

Selon les organisateurs des fêtes, les instances universitaires ont tout intérêt à encourager les événements se déroulant sur le campus. Joé Habel explique : « La faculté a intérêt à garder le party ici, juste pour la vie universitaire, mais aussi parce qu’il y a des prix minimums sur l’alcool. Il y a tout le temps de la sécurité, et un suivi qui est fait, et il n’y a pas de jeux d’alcool. […] Les vrais dérapages, ça se passe à l’extérieur.»

Les organisateurs sont toutefois conscients qu’il y a place à amélioration. « On se comprend là-dessus. On fait plus attention pour ne pas servir le monde saoul. On appelle plus de gardiens de sécurité », affirme-t-il.

Une fermeture au dialogue

Si les relations se sont améliorées depuis avec la faculté, reste que selon les membres de l’exécutif de l’AESGUL, le dialogue avec les instances universitaires est plus ardu qu’auparavant. « Depuis toujours, l’Université et les associations étudiantes ont travaillé ensemble pour organiser les événements. Ça a toujours été un travail d’équipe. Là, j’ai l’impression que ce n’est plus ça, que c’est « papa surveille les enfants ». Si l’enfant ne fait pas ce que papa veut, on met des conséquences », décrit Philippe Desjardins, vice-président aux affaires socioculturelles de l’AESGUL.

« Ils nous demandent de mieux gérer les partys, mais ils nous mettent des bâtons dans les roues. Si on a la responsabilité quand il y a des problèmes, alors donnez-nous le pouvoir de gérer comme on le veut », ajoute Joé Habel.

Le Northern Project touché?

Chaque hiver, l’AESGUL organise le Northern Project, événement extérieur de grande envergure prenant place en janvier. Selon les bruits de corridor, le party aurait pu être mis en péril à cause des récents événements, mais il n’en est rien. « Il n’est pas annulé. C’est sûr qu’il va avoir lieu », indique Joé Habel.

Cependant, ce n’est pas assuré que le Northern Project aura la même envergure que les années dernières. « La Faculté a dit : « Si vous n’êtes pas capable d’organiser des partys sans qu’il y ait de débordement, on va imposer des limites. Genre, l’alcool, la musique, le bruit. On attend 1200-1500 personnes? On peut diminuer de la moitié. Vous vouliez que ce soit de 9h à 2h du matin? Ça se peut qu’on vous mette de 7h à minuit. Ça se peut qu’on contrôle votre commande d’alcool. » Si tous nos événements vont bien d’ici là par exemple, il devrait pas y avoir de problème », relate Philippe Desjardins.

Un problème généralisé

Si le cas de la Faculté des sciences et de génie est évident, il semble que ce ne soit pas seulement l’AESGUL qui soit aux prises avec des répressions événementielles. « On s’inquiète de savoir si c’est ça partout. On veut savoir si c’est juste une excuse pour arrêter les partys sur le campus », se questionne Joé Habel.

Du côté de la CADEUL, on explique que la situation de l’AESGUL n’est pas unique. « On a plusieurs problèmes de ce genre avec des facultés très différentes », soutient Caroline Aubry-Abel, présidente de la CADEUL.

« Plusieurs associations sont en probation, ont de la sécurité accrue dans leurs événements. Parfois, si on a habituellement un membre du service d’ordre pour un party, là on va en avoir deux », continue-t-elle. « Il va y avoir certaines journées où on n’aura pas le droit d’avoir un événement. »

Néanmoins, la nature peu claire de la problématique empêche la CADEUL de se prononcer pour l’instant. « Ça commence à nous inquiéter. Par contre, avant de nous prononcer, il faut colliger les informations. On va attendre d’avoir des documents papier. Après, on peut statuer à savoir si c’est excessif », précise Mme Aubry-Abel.

Auteur / autrice

  • André-Philippe Doré

    Actuellement au baccalauréat en Études anciennes, André-Philippe fut rédacteur en chef du journal étudiant du Cégep Limoilou et blogueur pour le Huffington Post avant de joindre les rangs d'Impact Campus. Ses sujets de prédilection sont variés, malgré qu'il ait un faible pour les bandes dessinées, la lutte et Ramdam.

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