Annoncé depuis le début du mois de septembre, le deuxième tour des élections législatives en Guinée a été repoussé jusqu’au 24 octobre prochain. À quelques jours d’un espoir de stabilité dans le pays et de gouvernement d’union nationale, le deuxième tour des présidentielles peut très bien ne jamais avoir lieu. Les Guinéens se retrouveront-ils dans la même situation que la Côte d’Ivoire, à attendre des élections toujours repoussées ?
Les résultats du premier tour des élections n’avaient surpris personne dans ce pays côtier d’Afrique de l’ouest. Le taux élevé de participation (80% des 4,2 millions d’électeurs potentiels) avait départagé les concurrents à la présidentielle. D’un côté se trouvait Cellou Dalein Diallo, ancien premier ministre et favori du premier tour avec 44% des suffrages, et de l’autre, Alpha Condé docteur et professeur en droit public qui a récolté 18% des votes.
Depuis le mois dernier, les difficultés ont étés nombreuses: condamnation pour fraude électorale de Ben Sékou Sylla, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), suivie par son décès quelques jours plus tard; mise en place du nouveau président de la CENI et critiques virulentes de la part du parti de l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo; menaces de démission par le président par intérim, le général Sékouba Touré. Grâces aux médiations entre les deux vainqueurs du premier tour par Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, et Sékouba Touré, le dialogue s’est poursuivi. À la demande du demande du général, les deux candidats s’étaient ainsi prononcésfavorablement à l’établissement d’un gouvernement d’union nationale, quel que soit le vainqueur de la course à la présidence. Alpha Condé a indiqué, au sortir de l’audience avec Sébouka: «pour la paix sociale, il est important que chacun fasse de son mieux».
Mais les voix ne sont toujours pas accordées pour autant. Les plaintes concernant le choix du président de la CENI refont encore surface à une semaine des présidentielles. En effet Cellou Dalein Diallo réclame un représentant neutre, accusant Louseny Camara, l’actuel président de la commission, d’être fortement partisan d’Alpha Condé.
Certains incidents viennent encore souffler sur un château de carte déjà chambranlant. Le 14 octobre dernier, la tristement célèbre garde présidentielle a passé à tabac des militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Dalein. Acte isolé de violence urbaine ou intimidation politique planifiée ? Quoi qu’il en soit, le pays se retrouvera, la semaine prochaine, avec un gouvernement démocratiquement élu. Laissant de côté les militaires qui sont au pouvoir depuis 2008, les civils ont l’occasion de reprendre légitimement les rennes, faisant de la Guinée un exemple de stabilisation post-dictature dans cette partie du continent.