Les groupes de musique de l’UL : Des talents peu connus

La scène musicale universitaire, un secret de polichinelle ? Peu de gens le savent, mais des dizaines de groupes étudiants se forment au sein de l’Université Laval. À ces initiatives s’ajoutent les ensembles chapeautés par la Faculté de musique. Si le talent des étudiants ne fait pas défaut, on ne peut en dire autant de leur rayonnement.

C’est un euphémisme de dire que l’institution lavalloise regroupe plusieurs groupes et ensembles musicaux en son sein. Il suffit d’un coup d’œil jeté à la programmation des concerts de la Faculté de musique pour constater la vitalité de son volet performatif. Ateliers d’opéra, quatuors, chorales et autres orchestres font partie intégrante de la vie musicale de la faculté. Bon an mal an, ce sont plus de 200 concerts qui s’y donne, indique Serge Lacasse, professeur titulaire de la Faculté. À ces initiatives institutionnelles s’ajoutent les groupes qui se forment dans un cadre scolaire ou parascolaire et qui versent dans le jazz, le classique et tutti quanti.

Une valorisation certaine

C’est une chose de constater la vitalité de la scène musicale universitaire, c’en est une autre de la faire rayonner. Bien sûr, ces projets étudiants sont valorisés à bien des égards. En plus de soutenir financièrement plusieurs initiatives étudiantes comme les midis-concerts ou les soirées Jazz N’ Broue, le Bureau de la vie étudiante (BVE) met à la portée des musiciens étudiants plusieurs opportunités de s’illustrer sur le campus. Le calendrier universitaire compte plusieurs de ces rendez-vous au nombre desquels le Gala de la vie étudiante fait figure d’incontournable. Catherine Paradis, chargée de communication à la Direction des services aux étudiants, insiste sur le fait qu’à chaque année, « un point d’honneur est fait pour inclure des spectacles étudiants au programme de la soirée en plus de permettre aux étudiants de poser leur candidature pour leurs projets ».

Le même souci est présent du côté des organisateurs du Show de la rentrée, indique Dominique Caron Bélanger, vice-présidente aux affaires internes de la CADEUL. En plus de la place accordée aux groupes de la relève, les organisateurs « essaient de réserver des places pour les bands de l’Université Laval », soulève-t-elle.

 À qui la faute ?

Il reste que la musique « made in UL » est plus souvent difficile d’accès au reste de la communauté universitaire. Le tableau que brosse Serge Lacasse de la situation est à cet effet fort révélateur. « Je parierais que 99 % des étudiants ne sont pas au courant et ne se rendent pas compte de la variété des spectacles présentés. » Par conséquent, en dépit des efforts investis par la Faculté pour publiciser ses concerts, les salles se remplissent au compte-gouttes. Le professeur déplore la faible assistance des gens de l’extérieur aux spectacles. « Il y a souvent 10 ou 12 personnes dans la salle qui ne sont pas des parents ou des amis des musiciens. »

Une partie du blâme revient à une poignée de préjugés, « notamment ceux voulant que les musiciens sont snobs ou que les gens se foutent des concerts que les étudiants font », constate Jean-Michel Letendre-Veilleux, directeur musical de CHYZ et ancien de la faculté de musique.

Le problème de rayonnement réside également dans les structures mises en place pour diffuser ce genre d’évènements, surtout en dehors de la faculté de musique. M. Lacasse avoue que même s’« il y a une diffusion qui se fait à l’Université », il pourrait y avoir plus d’efforts pour mettre de l’avant le talent des étudiants.

Booker le campus

Comme dans tout programme universitaire, le volet pratique fait partie intégrante du cursus de tout étudiant de la Faculté de musique. Jean-Michel Letendre-Veilleux se rappelle avoir reçu le même conseil tout au long de sa formation : accepter le plus grand nombre de contrats possible pour gagner de l’expérience. En complément des cours Gestion de carrière en musique et Industrie de la musique, la pratique est ce qui prépare le mieux étudiant au milieu professionnel.

Cependant, il peut s’avérer difficile d’obtenir des contrats, même sur le campus, que ce soit pour des cocktails ou des vidéos que diffuse l’Université. À ce propos, Serge Lacasse est catégorique : « Juste pour les vidéos promotionnels, du Rouge et Or par exemple, la musique ne vient pas d’ici c’est certain. Pourtant, on a un studio, on a plusieurs musiciens. »

Pour Jean-Michel, il n’est pas toujours évident pour les organisateurs d’engager des groupes étudiants. « En ce moment, pour booker un band, il faut que tu connaisses quelqu’un qui connaît quelqu’un ou que tu connaisses directement un musicien, car il n’y a pas une instance qui travaille à placer les musiciens, de promouvoir et diffuser les catalogues à l’usage des organisateurs d’évènements. »

Après vérification, il existe un tel répertoire sur le site de la Faculté de musique. Cette page, que Robert Gosselin affirme être l’une des plus fréquentées du site, est néanmoins un outil incomplet. On peut y faire y consulter la liste des étudiants disponibles de même que leurs genres de prédilection et leurs coordonnées, mais les groupes n’y sont pas affichés. « La façon dont le répertoire est construit ne reflète pas nécessairement les groupes », allègue Serge Lacasse.

Avenues envisageables

« Une chose est sûre : c’est certain qu’on devrait promouvoir les talents des étudiants de façon plus systématique et faire en sorte que ces musiciens-là, à l’interne, puissent avoir un rayonnement plus marqué. » Une autre avenue envisageable serait la création d’une instance qui aurait la responsabilité de « faire le lien entre avec les étudiants et les professeurs et de prendre le pouls de ce qui se fait à chaque session », propose le directeur musical de CHYZ. « Si on s’organise mieux et qu’on se parle plus, il y a mille et une possibilités de rendre la musique étudiante viable sur le campus. »

Auteur / autrice

  • Kim Chabot

    Journaliste culturelle dans l’âme et historienne de formation, Kim est passionnée par la littérature, les arts visuels et le théâtre. Elle aime découvrir de tout, des grands classiques aux projets artistiques de la relève. Pour elle, les scènes de l’Université Laval et de la Ville de Québec sont des gros terrains de jeux aux possibilités infinies. Elle nourrit aussi un grand amour pour la langue française, au grand dam de ceux qu’elle reprend inlassablement pour des « si j’aurais ».

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