Pour infecter les cellules et s’y multiplier, le VIH monopolise la machinerie cellulaire fondamentale de la cellule. L’infection est favorisée par un attachement stable à la surface cellulaire et par la présence de plusieurs types de molécules. En effet, ces molécules interagissent alors avec des molécules collées à l’enveloppe du virus. L’une de ces molécules, la galectine-1 (qui constitue en fait un sucre), a été identifiée comme favorisant l’attachement du VIH aux cellules.
«Quand on vulgarise la science, on essaie souvent d'expliquer l'intérêt de ce que l'on fait en parlant aux gens de l'importance de l'ADN, des protéines et des lipides. Cependant, le rôle qu'on donne aux sucres, oligosaccharides ou glycans, est seulement considéré comme source d'énergie de la cellule», explique Christian St-Pierre. Par le biais de leurs interactions avec des familles de protéines que l'on nomme des lectines, comme les galectines, ces sucres peuvent toutefois modifier le comportement des cellules seules, des cellules entre elles et des cellules avec les pathogènes», souligne l’étudiant.
Les études menées au cours des dernières années au laboratoire du Centre de recherche en infectiologie suggéraient que la galectine-1 augmente de façon drastique la liaison du VIH aux lymphocytes T et aux macrophages. Cette augmentation de la liaison facilite ainsi de beaucoup l’infection des cellules à risque et mène à une réplication virale plus importante.
Poursuivre dans cette voie
«Une fois que les rôles potentiels joués par les galectines sont compris, l’étape suivante est d’essayer d’inhiber l’expression de la galectine-1 à la surface des cellules», explique Christian St-Pierre. «La famille des galectines compte une quinzaine de membres avec des sites de liaison aux sucres similaires», ce qui pose le défi de taille de ne pas influencer l’expression de sucres similaires à ceux qu’on voudraitinhiber, explique-t-il. «De plus, les galectines ne jouent pas toutes le même rôle. Il faut donc développer quelque chose de spécifique et de non toxique», spécifie-t-il.
On peut aussi s’interroger sur le type de modèle à privilégier. L’étude réalisée par l’équipe du CRI se base sur l’utilisation de cellules primaires isolées du sang, mais aussi sur des lignées cellulaires immortalisées en laboratoire. «Pour tester des nouveaux produits qui moduleraient l’infection, une fois la preuve de concept réalisée avec des cellules, des expériences avec des modèles qui se rapprocheraient plus de la réalité seront nécessaires», soulève le doctorant. «Pour ce faire, il serait possible d’utiliser des modèles ex vivo tels que les amygdales, ou encore des modèles animaux permettant l’infection au VIH, notamment chez le macaque, lance-t-il.
Le syndrome de l’immunodéficience acquise (SIDA) est l’une des maladies les plus meurtrières affligeant la planète. Près de 100 millions de personnes ont été infectées, et près de 25 millions de personnes sont décédées des suites de l’infection par le VIH. La survie du virus et sa multiplication requièrent l’infection des cellules immunitaires de l’hôte : ses cellules dendritiques (les sentinelles de l’immunité) et ses principaux effecteurs, soit les lymphocytes T CD4+.