Les étudiants français voient leurs frais de scolarité tripler

C’est désormais officiel. À la rentrée prochaine, les frais de scolarité tripleront pour les nouveaux étudiants français inscrits au premier cycle. Cette semaine, Impact Campus revient sur les tenants et aboutissants de cette réforme.

Elle avait été évoquée en décembre dernier. Elle a finalement été confirmée le 12 février dernier par la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Christine Saint-Pierre. La décision d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants français sera effective en septembre 2015. Ces derniers s’élèveront désormais à 6 650 $ contre 2 300 $ actuellement et concerneront environ 8 000 étudiants.

Malgré tout, « les étudiants français continuent d’être privilégiés, assurent la ministre et son homologue français Laurent Fabius, par voie de communiqué. Ils continuent de bénéficier de coûts de scolarité très faibles comparé au reste de l’Amérique du Nord et des autres étudiants étrangers. » Rappelons que les frais de scolarité pour les étudiants étrangers s’élèvent à plus de 14 000 $.

Respecter l’équilibre budgétaire 

La principale raison avancée pour justifier cette hausse est économique. Faire bénéficier les étudiants français du même tarif que les étudiants québécois coûterait 120 millions de dollars pour la seule année 2014-2015. Pour le gouvernement québécois, il était donc urgent de repenser cette entente franco-québécoise datant de 1978.

Pourtant, aussitôt l’annonce faite, l’opposition n’a pas tardé à se faire entendre. Jonathan Bouchard, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) s’est dit, par voie de communiqué, « choqué par cette décision. » S’il comprend le coût économique, il rappelle également que « les étudiants internationaux, dont font partie les étudiants français, rapportent plus d’un milliard de dollars et permettent la création de 8000 emplois directs. »

Un point que reprend également Michaël Pilater, porte-parole du collectif « Non à la hausse des frais de scolarité pour les étudiants français au Québec ». Cet étudiant à Polytechnique avait lancé une pétition dès le printemps dernier, à l’annonce des premières rumeurs. À ce jour, la pétition compte près de 4400 signatures et aurait permis aux étudiants de 2e et 3e cycles de ne pas être concernés par cette mesure.

Pour autant, l’application à la rentrée prochaine de cette mesure pourrait compromettre la venue au Québec de certains étudiants français, faute de moyens financiers suffisants. C’est le cas d’Inès Midani, étudiante française au baccalauréat en communication publique. Arrivée pour la session d’hiver, elle a l’impression d’être « passée entre les mailles du filet. » Pour elle, « le problème est avant tout éthique. Nombreux sont les étudiants dont le projet de partir étudier au Québec, un rêve pour la plupart vieux de quelques années, s’effondre. Il est injuste pour ces jeunes bacheliers si proches du but, et ces étudiants fraîchement arrivés à Québec, de devoir renoncer à leurs rêves, car la hausse n’est pas légère. »

Plusieurs députés français, dont Frédéric Lefebvre, ont parlé de saisir le Premier ministre français pour tenter de repousser l’échéance à la rentrée 2016 pour une meilleure organisation. Un point qu’il lui faudra discuter avec Philippe Couillard, qui se rendra en France le mois prochain.

Directement concernée, la CADEUL n’a pour l’instant pas encore adopté de position. « Mais il est clair que la question sera à l’ordre du jour de nos prochaines instances », souligne David Juneau, attaché politique de l’association.


 

Cette annonce vient casser les espoirs suscités par la venue de François Hollande au Québec en novembre dernier. « Nous nous sommes entendus pour qu’il y ait une entente ». C’est alors ce qu’avaient souligné Philippe Couillard et François Hollande lors de la visite d’État de ce dernier, au sujet de la litigieuse question des frais de scolarité des étudiants français.

« Nous avions quelques sujets sensibles et c’est bien légitime de les avoir traités », avait fait remarquer François Hollande en ouverture de la conférence de presse qui avait suivi son allocution à l’Assemblée nationale du Québec, le 4 novembre dernier. Néanmoins, Hollande et Couillard s’étaient montrés rassurants en affirmant qu’il y aurait bien une entente sur la question.

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