Rencontré quelques minutes avant la première de son film, jeudi dernier, M. Pilon affirme qu’il était lui-même peu renseigné sur la culture inuit avant d’entreprendre cette réalisation. C’est d’ailleurs une des raisons qui l’ont poussé à travailler sur ce projet. «J’ai été touché par ce pan d’histoire des Inuits que l’on ne connaît pas du tout. Je me suis dit qu’il était important que l’on raconte cette histoire-là», confie-t-il.
Cette découverte s’est enrichie davantage en cours de tournage avec l’acteur incarnant le personnage principal, Natar Ungalaaq, un homme pour qui le réalisateur a beaucoup d’estime. En effet, celui-ci a énormément en commun avec Tiivii, le protagoniste de l’histoire : tous deux partagent le même environnement culturel et leurs familles ont dû affronter la tuberculose.
Avec son premier long métrage de fiction, M. Pilon ne s’éloigne pas beaucoup de la vérité. Dans Ce qu’il faut pour vivre, il livre le récit simple et honnête d’un drame personnel très touchant.
Solitude dans l’adversité
Au début des années 50, à son passage dans le Grand Nord, le bateau clinique C.D. Howe bouleverse la vie des familles inuits affligées par une épidémie de tuberculose. Les malades sont forcés de quitter leur terre pour être soignés dans les villes du sud. Dans un sanatorium de Québec, Tiivii, un chasseur de la terre de Baffin, apeuré, tel un enfant, affronte l’inconnu et la solitude. Alors qu’il s’enfonce, son infirmière, Carole, et Kaki, un jeune Inuit bilingue, lui redonnent espoir et courage.
Un film sans artifice ni excès dramatique. D’un calme angoissant. Un calme qui masque le déchirement du déraciné. Mais la parole est inutile. Le sentiment s’exprime autrement dans ce contexte, une figure solitaire traversant un paysage glacé, un regard, un chant. Ce qu’il faut pour vivre plante dans notre esprit une multitude de questions, mais comme le portrait fidèle de la vie qu’il dépeint, nous abandonne au soin d’en résoudre l’énigme.