La phase du printemps où on se sent presque l’été est arrivée. Enfin. Celle qu’on aime moins est finie. Celle où la neige fond. Où c’est encore dangereux de se promener en vélo. Les moments où ça sent la bouse un peu partout parce que tout le pourri qui était sous la neige est enfin libéré du froid.
C’est fini tout ça. Il fait beau, ça sent bon dehors, mais il continue malgré tout de flotter un parfum de bullshit politique aux alentours du Parlement. Après le dépôt du budget, l’étude des crédits a battu son plein pendant deux semaines et ça a été l’occasion pour les partis d’opposition de taper encore sur le clou libéral, bien en place dans son carcan politique.
Sauf que comme un clou, les libéraux ont la tête dure.
La tendance politique, on la connaît. D’un côté, on l’appelle la rigueur budgétaire ; de l’autre, on ne lâche pas le morceau, c’est de l’austérité. Que ce soit en culture, en éducation ou dans le plus petit ministère du troisième sous-sol du parlement, on parle de coupes. On parle en moyenne de 3 % de compressions, peu importe pour qui.
Les libéraux tentent de montrer leur budget sous un jour positif. Les coupes se concentreraient dans les frais administratifs le plus possible pour ne pas amputer de services.
Le plus possible.
François Blais, l’ancien doyen de la Faculté des sciences sociales de l’UL, s’est présenté en Carey Price devant le filet libéral pour arrêter le bombardement dirigé vers lui par l’opposition, toute formation politique confondue. Véronique Hivon du PQ et la solidaire Françoise David ont mené la charge au sujet des coupes prévues en éducation aux niveaux primaire et secondaire.
Ils lui ont livré une pléthore (une pléthore !) de faits tirés du terrain, des nombreuses commissions scolaires qui affirment que les compressions budgétaires allaient affecter les élèves aux écoles qui manquent cruellement de personnel, en passant par l’aide financière à la réussite scolaire.
Le ministre Blais s’est campé sur sa position, refusant de dire que sa « rigueur » allait affecter réellement qui que ce soit. Il a rappelé que le PQ avait coupé en éducation en 1998 et qu’on était passé au travers.
Ah. Ben oui. Ça fait mal se casser un bras, François. On n’en meurt pas non plus. Sauf qu’on ne s’inflige pas ça tout bonnement.
Françoise David a tenté de lui faire cracher le morceau en lui demandant comment il pouvait croire que ses coupes allaient être efficaces, le tout sans réduire la qualité, et que les services et tout ce que le Québec a tenté de bâtir en éducation depuis 60 ans ne seraient pas touchés.
Éloquente réponse de la part du ministre : « Mais c’est parce qu’il le faut ! »
On sent déjà l’automne qui fait rougir ses feuilles de feutrine.