Étudiants français : Pas contents de la hausse de leurs frais de scolarité

Fraîchement débarqué à Québec pour la rentrée universitaire, Alexis Bayet a pris l’avion du retour vers la France une semaine plus tard. La hausse des frais de scolarité pour les étudiants français, qui s’applique dès cet automne aux nouveaux inscrits du premier cycle, explique en partie sa décision. « Je suis très déçu », admet-il.

Durant ses études en droit à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, Alexis avait effectué une année d’échange universitaire au Québec au programme de baccalauréat en droit de l’Université Laval. Il comptait réaliser des études libres de 2e cycle dans la même université. Son but : être admis à la session d’hiver à la maîtrise en études internationales.

Toutefois, « la direction de programme des HEI a exigé de moi que je prenne des cours de scolarité préparatoire qui sont des cours de 1er cycle ». Si la nouvelle hausse des frais de scolarité pour les Français épargne les étudiants inscrits aux cycles supérieurs, ce n’est pas le cas pour les cours de 1er cycle.

« Cela aurait fait grimper la note de façon significative. En plus de cela, n’étant pas dans un programme diplômant, je n’aurais théoriquement pas eu droit à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), ce qui m’engageait à payer près de 800 $ supplémentaires pour prendre une assurance privée, explique-t-il.  À cela, il faut également rajouter le prix des livres et recueils de cours qui sont hors de prix. »

Mais encore, pour accéder à la maîtrise, la moyenne cumulative de la scolarité préparatoire doit être d’au moins B. « Face au prix demandé et à l’incertitude d’être admis dans un programme à l’hiver, j’ai préféré rentrer en Europe. Je n’avais pas envie de débourser plusieurs milliers de dollars dans quelque chose d’incertain », conclut celui qui critique un manque de sérieux dans les procédures d’admission de l’université.

Résultat : Alexis entend désormais poursuive ses études en France.

«Barrière à l’entrée»

Si d’autres ressortissants français ne sont pas affectés par la hausse des frais, ils critiquent néanmoins cette mesure et affirment qu’elle aurait changé leur projet d’études s’ils avaient été directement concernés.

Étudiant en deuxième année au baccalauréat en administration des affaires, Teddy Magris continue de payer des frais de scolarité identiques à ceux de ses camarades québécois. Si les nouveaux frais avaient été en vigueur au moment de son entrée à l’Université Laval, son parcours aurait pu être très différent.

« En fait, je n’aurais tout simplement pas pu partir au Canada, affirme cet étudiant français. Je connais plein de gens qui sont dans ma situation qui n’auraient pas pu venir s’ils avaient à composer avec une hausse des coûts de scolarité » . De plus, souligne-t-il, étudier au Québec est plus cher qu’étudier en France, le coût de la vie et des études y étant moins cher.

Un autre étudiant français, qui souhaite garder l’anonymat, va dans le même sens. Inscrit actuellement au 2e cycle en droit international, ce dernier avait fait une partie de ses études de 1er cycle à l’Université Laval. À l’époque, il payait les mêmes droits de scolarité que les Québécois. Si la facture avait été au même niveau qu’aujourd’hui, il n’aurait pas pu étudier au Québec.

« C’est sûr que je ne serais pas venu, que j’aurais changé mon projet, dit-il. C’est pas possible. Si tu fais le calcul au final : le logement, le coût des études, le prix des manuels, etc., autant aller aux États-Unis ou en Angleterre ».

Le Québec offrait la possibilité aux étudiants français d’étudier en Amérique du Nord et en français à un coût « qui était avantageux », poursuit cet étudiant de l’Université Laval. La récente hausse des frais, « c’est vraiment dommage », soupire-t-il. « Les Français qui sont ici, ce sont des gens qui sont extrêmement impliqués et motivés ». Cette hausse constitue « une sorte de barrière à l’entrée », se désole notre interlocuteur.

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