Étudiants français : Plus de nouveaux inscrits, mais moins de demandes

Malgré des frais de scolarité plus élevés que les années précédentes, davantage d’étudiants français se sont inscrits à l’Université Laval en cette rentrée automnale.

En date du 2 septembre dernier, il y avait 589 étudiants français nouvellement inscrits à l’Université Laval dans un programme de 1er cycle. « Ils étaient 562 en 2014-2015. Il y a donc une augmentation de 4,8% », constate la direction des communications de l’Université.

À noter qu’il y avait 916 étudiants français inscrits au 1er cycle à l’Université Laval en date du 2 septembre dernier. Ce chiffre inclut tous les étudiants du 1er cycle, qu’ils soient nouvellement inscrits ou non. La hausse ne concerne donc qu’une partie de ces étudiants. « Ils étaient 832 en 2014-2015. Il y a donc une augmentation de 10,1 % », d’après la direction des communications de l’Université.

De son côté, le ministère de l’Éducation n’est pas en mesure de fournir des chiffres sur l’évolution récente des inscriptions de nouveaux étudiants français au 1er cycle, mentionnant que ce sont les universités qui compilent ces données. Selon les chiffres du ministère, un total de 14 393 étudiants français –tous cycles confondus – étaient inscrits dans le réseau universitaire français à l’automne 2014. En 2010, ils étaient 8 804. C’est une hausse de 63 % en quatre ans.

Moins de demandes d’admission

Si le nombre de nouveaux inscrits au 1er cycle est supérieur à celui de l’année précédente, les demandes d’admission, elles, ont été plus faibles, fait remarquer Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales à l’Université Laval. « Nous avons eu moins de demandes de nouveaux étudiants français et nous finissons avec un nombre d’inscrits qui est plus élevé. » En d’autres termes, « il y a moins d’étudiants français qui ont réalisé le projet de venir étudier chez nous en déposant une demande ».

« Il y a moins d’étudiants français qui ont réalisé le projet de venir étudier chez nous en déposant une demande ».

Une hypothèse soulevée pour expliquer le plus grand nombre d’inscrits, même s’il y a eu « moins de personnes qui ont manifesté un intérêt pour venir chez nous », serait que « dans le processus d’admission, il y a moins de gens qui se sont désistés ».

Mme Lacasse n’avait pas les données sur les demandes d’admission sous la main lors de notre entretien. Selon elle, il faudra attendre quelques années avant de pouvoir réellement cerner l’impact de la hausse des frais.

« On ne peut pas actuellement mesurer tout l’impact de cette mesure puisque ceux qui étaient déjà inscrits dans un programme de 1er cycle gardent leurs droits acquis. Pour l’instant, ils ne sont pas affectés. L’impact de la mesure au complet, on va le voir dans trois ans », prévient-elle.

Parmi les étudiants étrangers étudiant à l’Université Laval, les Français sont les plus nombreux.

Réaction de la CADEUL

Du côté de la CADEUL, on reste aussi prudent quant aux chiffres de l’Université sur les nouveaux inscrits. Le président, Thierry Bouchard-Vincent, rappelle que la période d’inscription n’est pas encore terminée. En ce qui concerne la hausse des frais, « l’annonce a été faite assez tard. Est-ce que le projet d’étude des étudiants était déjà fait ? », interroge-t-il.

Si la direction des communications de l’Université Laval s’est abstenue de commenter la décision gouvernementale de modifier les droits de scolarité pour certains étudiants français, la CADEUL prend clairement position contre. Au printemps dernier, « les associations étudiantes en caucus se sont prononcées en très forte majorité contre la hausse des frais de scolarité des étudiants français », rappelle le président.

D’offrir aux étudiants français des frais de scolarité équivalents à ceux des Québécois, c’est un « choix de société », plaide M. Bouchard-Vincent, évoquant la question de l’immigration francophone.  Il remet en question les économies projetées via la hausse des frais. « Est-ce que c’est vraiment une mesure qui aide économiquement ? On en doute. »


Chronique d’une hausse annoncée

Le 6 mars dernier, le Québec et la France ont signé une nouvelle entente en matière de mobilité étudiante au niveau universitaire, remplaçant celle de 1978. Ainsi, depuis cet automne, les étudiants français nouvellement inscrits à un programme de 1er cycle ne paient plus les mêmes frais de scolarité que les étudiants québécois, comme c’était le cas auparavant.

La facture est désormais similaire à celle d’un étudiant canadien résidant hors Québec, soit environ le triple de celle d’un étudiant du Québec. En d’autres termes, un nouvel étudiant français du 1er cycle paie plus de 6 500 $ par année, comparativement à environ 2 300 $ pour un Québécois. Pour les étudiants internationaux sans exemptions, la facture peut s’élever à 15 000 $.

Rappelons qu’en février 2014, le gouvernement péquiste de Pauline Marois avait fait part, via le discours sur le budget, de son intention de revoir les mesures d’exemptions et de droits de scolarité concernant les étudiants étrangers.

Puis, au printemps 2014, durant la campagne électorale, Philippe Couillard – alors chef du Parti libéral du Québec – a fait part de son intention d’élever les frais des étudiants francophones étrangers au niveau de celui des Canadiens résidant hors Québec.

En outre, le rapport de la Commission de révision permanente des programmes, datant de novembre 2014, faisait état d’une «augmentation très rapide des coûts de formation des étudiants internationaux, et particulièrement des étudiants français, liée à une hausse de leur nombre» et proposait des mesures à cet égard.

 

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