En cette période où la politique provinciale est un théâtre relativement criard, attardons-nous à deux objets dont le rôle a passablement changé ces dernières années.
Selon la tradition académique, la toge représente l’atmosphère de collégialité qui règne dans les milieux universitaires. Selon cette vision un peu fleur bleue, tous les universitaires pourraient se reconnaître entre eux premièrement par le port de la toge, ce qui classe l’interlocuteur comme un estimé collègue dans la grande quête du savoir, deuxièmement par la couleur et les attributs de la toge, qui indiquent le grade, la provenance et le parcours académique de son porteur.
Que reste-t-il de cette collégialité? Du côté de notre recteur, la confiance règne : son adresse courriel «urgence@ulaval.ca» lui sert apparemment à justifier son salaire. Quand on se compare, on se console : les étudiants de l’UdeM doivent franchement se demander ce qui se passe du côté de la rémunération de leurs dirigeants et les dépenses s’accumulent.
Comment la hausse des droits de scolarité va-t-elle influencer nos institutions? Doit-on comprendre que, d’ici cinq ans, le sous-financement du système universitaire sera réglé? Il fallait y penser, apparemment. Je ne crois pas aux scénarios-catastrophes sur la «marchandisation de l’éducation», mais je ne serais pas surpris de voir une tendance au luxe administratif pendant les prochaines années.
L’éducation post-secondaire est donc officiellement un système avec une double personnalité : un système public où le gouvernement dicte les règles et les prix, mais un système où la compétition règne, comme au privé, quant aux «clients» et aux rémunérations.
Serait-il plus honnête de choisir un des deux modèles? Celui d’universités carrément publiques payées par l’État ou celui d’universités privées où l’État n’agit que dans le système d’aide financière? Cela permettrait-il de nous sauver de l’hypocrisie de la toge québécoise?
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Parlons caisses de lait, maintenant : le récent dévoilement du site QuébecLeaks nous offre une belle occasion de réfléchir sur notre relation avec les tribunes publiques. Il y a quelques années, par exemple, il était difficile pour un particulier de s’adresser à la population québécoise en entier. Le fondateur de QuébecLeaks a prouvé qu’une poignée de communiqués et un site Web bien tourné peuvent susciter beaucoup de jasette. Les caisses de lait sur lesquelles on peut s’élever afin de prendre la parole sont plus accessibles.
Toutefois, force est de constater que la population n’a pas nécessairement de patience pour ceux qui y montent et qui ne «livrent pas la marchandise». Il est plus facile de monter sur une caisse de lait et de proposer sa façon de faire aux autres, mais il est aussi plus facile pour les autres de passer outre, voire de décrier le message sur leur propre caisse de lait.
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Le dernier droit de l’année scolaire est officiellement entamé, ce qui veut dire que nous en sommes aux dernières parutions d’Impact Campus. Pour finir l’année en beauté, nous vous invitons à nous faire parvenir vos lettres d’opinion sur les sujets qui vous plaisent! Si vous voulez écrire, faites moi signe à redaction@impact.ulaval.ca.