Le 2 août dernier, Tom Mulcair devait déjà se voir comme l’homme qui allait changer la régularité canadienne de l’alternance du pouvoir entre les libéraux et les conservateurs.
Il allait enfin briser la monotonie politique canadienne et prouver qu’une troisième voie était empruntable pour accéder au prestigieux poste de conseiller de Sa Majesté.
Ce n’est pas rien.
Tom Mulcair se voyait comme le prochain chef du gouvernement du Canada. Le 24 Sussex était à sa portée, il y touchait presque la pognée de porte. La clef dans la main.
Il avait tout pour lui, tout pour gagner. Le vif désir de changement de la population de virer les conservateurs, les affaires louches au Sénat et l’appui du Québec.
Aussi, l’Alberta elle-même n’avait-elle pas sonné le glas pour les conservateurs en élisant un gouvernement néodémocrate, annonçant la fin du règne de Stephen Harper à Ottawa ?
Malheureusement pour lui, Mulcair n’a pas saisi sa chance. Dans cette bataille à deux qui s’annonçait, entre son parti et celui de Harper, les néodémocrates n’ont pas vu les libéraux venir.
Pensant avoir l’appui inconditionnel des gens de gauche, des progressistes, des Québécois et des partisans de la nouveauté, il s’est fait doubler sur son propre terrain.
Il a promis une liste d’investissements et de dépenses.
En fait, prenant pour acquis tous ces électeurs, il a tenté de virer au centre. Charmer les électeurs tannés de Harper, mais les électeurs ayant à cœur une gestion des dépenses rigoureuses.
Il a promis un déficit zéro.
Pas « y’able » pour charmer les Québécois qui luttent contre l’austérité imposée par le gouvernement Couillard ! Pas moyen non plus de savoir réellement s’il était pour ou contre le pipeline Énergie Est !
Tout le monde sait très bien que lorsqu’un politicien dit qu’il va demander des rapports et s’assurer que l’environnement sera respecté, ça veut dire que le pipeline va passer.
Et puis il y a eu l’affaire du niqab. Le commencement de la fin pour l’équipe orange. C’est ce qui lui a fait le plus de mal.
Même s’il avait officiellement la même position que celle défendue par les libéraux de Trudeau, il n’a pas été capable de prouver son leadership pour la défendre. Il était pour le niqab, mais éprouvait un « malaise », a-t-il expliqué sur le plateau de Tout le monde en parle.
Le doute s’installe instantanément lorsqu’on pense à Tom Mulcair.
En politique, le message doit être clair et sans ambigüité. Sinon, les gens ne sont pas prêts à suivre. Personne ne veut remettre entre les mains d’un homme la destinée d’un pays s’ils ne sont pas certains de l’authenticité et la sincérité de l’homme le jour des élections.
L’électeur moyen ne doit pas avoir le doute qu’il fait un mauvais choix. Le x doit être sincère.
Maintenant, lorsqu’on pense à l’actuel chef néodémocrate, les questions viennent toutes seules.
Gauche ou droite ? Pour ou contre le niqab ? Libéral ou NPD ? Déficit ou austérité ? Présent au Love in ou pas présent au Love in ? Pipeline ou pas pipeline ?
D’ailleurs, c’est Tom ou Thomas ?
On peut dire que l’ambigüité sur son prénom en dit long sur le personnage.