Critique musique : Tokyo d’Ingrid St-Pierre

Un voile doux et réconfortant

On n’avait pas entendu Ingrid St-Pierre depuis 2012. La belle pianiste nous avait touchés à l’époque avec sa chanson Ficelles, un piano-voix qui parlait de la maladie d’Alzheimer dont sa grand-mère était atteinte. Dans ce troisième album, on retrouve cette même atmosphère douce et délicate, où on pleure presque de la beauté des notes de piano.

Tokyo a été réalisé par Philippe Brault, une pointure musicale montréalaise qui a participé aux albums de Pierre Lapointe, Philémon Cimon, Random Recipe et bien d’autres. Son conjoint Liu-Kong Ha, qui fait partie de cette dernière formation, a participé quant à lui à l’enrobage musical (cuivre, cordes, percussions).

On est touché dès la première chanson avec Tokyo Jellybean. Les petites notes de piano délicates font penser à un environnement froid, comme la ville. On est bientôt réchauffé par une voix douce qui nous parle d’amour, avec quelques mots en japonais, une touche aphrodisiaque. La narration de 63 rue Leman rappelle les textes de Philémon Cimon ou Pierre Lapointe, avec des petits détails et des souvenirs qui rendent le tout très touchant. La dentellière rompt totalement avec des percussions lourdes et des paroles médisantes (Tu te crois tout permis / ma cruelle ennemie / avec tes yeux revolvers) qui sont pour le moins savoureuses. Elle est suivie de Lucie, un court aparté au piano qui nous replace tranquillement dans notre bulle.

Ingrid St-Pierre nous laisse apprécier sa voix exquise dans différentes modulations sur Monoplace, les plus hautes sont accompagnées de cuivres et de tambour comme s’il s’agissait d’une épopée, les plus basses nous permettent de rester dans l’atmosphère de l’album. Les notes de harpe de L’éloge des dernières fois nous bercent pour nous annoncer tranquillement la fin, telle une berceuse. Dommage que cet instrument n’a pas été plus présent dans l’album.

L’album est d’une sublime harmonie avec de très beaux arrangements. On l’écoute comme si on se blottissait dans une couverture chaude en hiver. Les paroles sont d’une belle poésie raffinée, comme celles des pièces Les Loups pastel ou Les Aéronefs, qui se démarquent un peu de ce qu’on peut entendre de plus brut de nos jours.

4/5

Tokyo

Ingrid St-Pierre

La Tribu

Sortie le 27 novembre

Auteur / autrice

  • Alice Beaubien

    Les photo-reporters m'ont donné la passion du journalisme quand j'étais ado. Plus tard, j'ai fait du graphisme pour le journal étudiant du cégep Limoilou et j'ai ensuite commencé à écrire en commençant par des critiques d'art. J'ai développé ma plume dans cette section en arrivant à l'université. . Je scrutais aussi attentivement le travail de mes prédécesseurs et des journaux concurrents de manière régulière. . Un jour, j'ai décidé de me donner les moyens d'avoir ce poste alors j'ai pris un travail à temps partiel pour me payer un boitier plus décent et j'ai pris un café avec une ancienne pour avoir des conseils de qualité. . Deux semaines après avoir commencé, j'ai décidé de prolonger d'une session mon cursus en Design Graphique, car j'aimais trop mon travail. . En une semaine, les assignations varient de l'actualité étudiante sur le campus, des spectacles ou expositions ou encore du sport ou des rassemblements sociaux, c'est très stimulant pour l'âme et l'oeil. . Ah pis, c'est Alice B.E.A.U.B.I.E.N comme le métro à Montréal ou son cinéma. 😉

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