Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) dévoile son exposition annuelle consacrée aux finalistes du Prix en art actuel 2025. Au programme : cinq artistes, cinq espaces, et une exploration autour du corps et du territoire. Sur le papier, l’idée séduit. Mais une fois sur place, l’expérience laisse un goût d’inachevé.
Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme
Dès l’entrée, un problème s’impose : l’absence de cohésion, d’un parcours fluide, d’une réelle scénographie. Si aujourd’hui il est plus « tendance » de faire dans l’épuré, dans le simplifié, de laisser les œuvres « parler d’elles-mêmes », il faut tout de même reconnaître qu’une belle scénographie nous aide souvent à plonger dans un univers artistique particulier, de lui donner vie autour de nous. Quoi de plus ennuyant que de vagabonder dans une salle sobre et dénuée d’énergie ? Les œuvres, bien que fortes individuellement, semblent ici juxtaposées sans fil conducteur – pas évident, en effet, de crée de l’harmonie entre cinq styles artistiques complètement différents. Résultat, le visiteur peine à saisir le récit global. L’agencement des espaces ne facilite pas l’immersion, et le manque de médiation rend certaines propositions définitivement hermétiques.
Prenons par exemple la première salle. Une immense fresque côtoie deux photographies de scarifications. L’esthétique frappe, mais sans explication claire, le spectateur est laissé à lui-même. Pourquoi ces images ? Quelle histoire racontent-elles ? Le choix du MNBAQ de minimiser les cartels explicatifs prive les œuvres d’un cadre essentiel à leur compréhension.

© Louis Hébert, MNBAQ
Le recours à la vidéo, présent dans trois installations, renforce ce sentiment de distance. Sans introduction précise, difficile de capter l’intention des artistes ou de s’engager pleinement avec leur univers. Certes, la démarche contemporaine privilégie souvent l’interprétation libre, mais ici, l’absence de contexte transforme la découverte en frustration.

© Louis Hébert, MNBAQ
Un autre point soulève des interrogations : la sélection des artistes. Tous proviennent de groupes minoritaires, ce qui pose une question légitime sur les critères de choix. La diversité est essentielle et enrichit indéniablement le paysage artistique, mais est-elle devenue une finalité en soi ? La qualité des œuvres devrait primer, et si diversité et excellence vont souvent de pair, l’impression d’une sélection dictée par des impératifs extra-artistiques nous questionne.
Reste que les artistes présentés proposent des œuvres engagées méritant qu’on s’y attarde. Malheureusement, en l’état, l’exposition peine à les mettre en valeur. Un peu plus de mise en contexte, une scénographie mieux pensée et une réflexion approfondie sur la place du visiteur auraient pu faire toute la différence. Si vous êtes un habitué du musée, pas la peine de débourser 15$ juste pour cette visite, attendez le premier dimanche du mois.