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Lutter contre les crises alimentaires au Niger

Dans le cadre de la semaine du développement international, l’UL a accueilli la cinquième édition d’un colloque étudiant, le 5 février dernier. Impact Campus est allé à la rencontre d’Antoine Fignagnon Dedewanou, un étudiant au doctorat en économie à l’UL qui a axé ses recherches sur la lutte contre l’insécurité alimentaire au Niger.

L’étudiant avance que les sécheresses successives, qui ont sévi cette dernière décennie dans la région d’Agadez, ont provoqué une instabilité dans les coûts de production et de vente du mil.

Le mil : Il s’agit d’une céréale de base dans cultivée en Afrique subsaharienne. Elle peut être cultivée dans des zones tropicales sèches.

Le doctorant en économie explique qu’il en a résulté une hausse du cours de cette céréale à la base de l’alimentation nigérienne, ainsi qu’une baisse du pouvoir d’achat des Nigériens, ce qui a favorisé l’insécurité alimentaire. En 2012, le pays a été la proie d’une crise alimentaire de grande ampleur. Selon l’organisation internationale Action contre la faim, 18 millions de personnes ont été touchées.

Limites à la libre circulation

En entrevue, l’étudiant béninois a évoqué une seconde raison à l’amplification du problème de malnutrition au Niger. Il s’agit des taxes routières illégales qui sont un véritable fléau à la liberté de circulation des marchandises. « C’est un gros problème en Afrique en général. »

Cela est dû à la corruption de certains agents de police conjuguée à l’appréciation discrétionnaire dont ils font preuve avec les transporteurs. « L’État [impose] des tarifs, mais ils ne sont pas respectés », soutient-il. Cette entrave fiscale non fondée se répercute dans le prix du mil, tributaire des taxes dont il est frappé.

Gestion étatique

Antoine Fignagnon Dedewanou a analysé les solutions à mettre en œuvre pour faire face à ce problème. Il estime qu’il faut réhabiliter l’état de la structure routière et contrôler davantage le pouvoir discrétionnaire des agents de police.

La seconde solution réside dans la mise en place de « boutiques témoins ». Pour lui, celles-ci doivent davantage être gérées par l’État qui peut fixer les prix et aider les petits producteurs à amortir leurs dépenses en cas de sécheresse. Pour le conférencier, la solution à terme est de continuer de promouvoir des politiques en mesure de faire chuter le prix du mil.

« C’est pour venir au besoin de la population lorsque le prix du mil sera élevé », explique-t-il. L’idée est de lutter contre les commerçants puissants qui fixent unilatéralement et discrétionnairement les prix. En hausse constante, il estime que ce système lèse les ménages nigériens. « Il faut décourager ces marchés. »

Piste de solution

L’étudiant en économie préconise l’instauration d’un marché interrégional pour mieux gérer l’approvisionnement du mil au Niger. Pour y parvenir, une meilleure rentabilisation des espaces cultivables est un préalable. « En Afrique, nous avons la chance d’avoir une terre fertile, mais il faut encourager l’agriculture qui pourra répondre au besoin de la population en cas de crise alimentaire. » Il avance que cette gestion bonifiée des terres permettrait d’anticiper les caprices météorologiques et a fortiori préviendrait les crises alimentaires.

En pratique, il propose la création d’un « cercle » avec les pays sahéliens des alentours. « Malgré l’absence de pluie, il y a des marchés environnants comme au Benin, au Nigéria […]. On pourrait créer un cercle qui pourra faciliter l’importation de ces produits. » Il soutient que cette entraide pourrait offrir une meilleure gestion de la demande. Elle permettrait d’aider un pays plus vulnérable aux sécheresses grâce à l’apport de denrées provenant des pays voisins.

Optimiste, il pense que l’élection présidentielle du 21 février prochain constitue un espoir pour résoudre ce problème agricole. « Je pense que le nouveau président élu va se pencher davantage sur la question », conclut le doctorant.

En bref

2012 : C’est l’année de la plus importante crise alimentaire qu’a connue le Niger. En raison des sécheresses successives, elle s’est étendue aux pays sahéliens tels le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Mali. Au cours de la même année, la Somalie a connu une famine d’une ampleur inégalée. 260 000 décès ont été répertoriés.

795 millions : Le nombre de personnes qui étaient sous-alimentées dans le monde en 2015 selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Définition de la sécurité alimentaire discutée durant le Sommet de Rome de 1996 organisé par la FAO : « La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine. »

Les critères de la sécurité alimentaire définis au cours du même sommet incluent : la disponibilité alimentaire, l’accès à la nourriture, son utilisation et sa stabilité.

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