La cuisse de nos Nationalistes

Cette semaine, alors que René Angelil se faisait déshériter de manière post-mortem de ses funérailles nationales par l’État québécois, les Nationalistes québécois, eux, se faisaient déshériter d’un de leurs fleurons nationaux : la Chaîne St-Hubert.

Eh oui, vraiment!

En politique, je conçois qu’il faut faire feu de tout bois – apparemment cela n’exclut pas celui qui sert à rôtir le poulet – mais à un moment, il faut éviter de trop s’exposer au ridicule. Si le St-Hubert est sans nul doute une réussite économique pour ses propriétaires, il est à mon avis fortement douteux d’attribuer à une chaîne de restauration, incapable de faire des frites mangeables, le titre de fleuron. Quoiqu’après la séance de déchirement de chemises et de grosses larmes de ces mêmes Nationalistes à laquelle nous avions eu droit à la suite de la vente d’une chaîne de quincaillerie, c’était à prévoir.

Ainsi, toute la semaine, on a eu droit à une surenchère de désespoir, et ce, même de la part de la frange la plus « citoyenne du Monde » du PQ, sur le sort terrible qui allait s’abattre sur le nationalisme économique québécois : le Québec Inc.

Que le PQ et les Nationalistes se soient comportés, une fois de plus, comme une bande de poulets sans tête (sûrement en hommage à celui qu’on sert au St-Hubert) n’a pas manqué de fournir en matière à dérision leurs adversaires politiques et idéologiques.

Du côté libéral, on se moque de ces illettrés économiques qui voudraient intervenir pour tout et rien. Du côté d’une certaine gauche altermondialiste, on est moins Adam Smith et plus Bossuet lorsque celui-ci déclare : « Que Dieu se moque des hommes qui chérissent les causes dont ils déplorent les effets » en référence au soutien qu’apporte le PQ aux traités libre-échangistes malgré ses actuelles jérémiades.

Si le Nationalisme économique est une doctrine tout à fait respectable – qui fait d’ailleurs beaucoup de nostalgiques dans certains pays où on l’a immolé sur l’autel de la mondialisation qui passe par le libre-échange aveugle – il faut savoir aussi ne pas en abuser. Du moins, c’est ce que je dirais à nos Nationalistes si je croyais vraiment qu’ils étaient sincères.

Or, je ne le crois pas. Il ne s’agit que de la dernière tentative en date d’un parti qui ne parvient plus à mobiliser la population contre un gouvernement impopulaire et qui désespère au point de devenir aveugle au ridicule. Si les Grecs croyaient qu’un dieu était né d’une cuisse, personne ne prétend que se puisse être le cas pour une Nation.

Alors mesdames et messieurs les Nationalistes, votre salade : crémeuse ou traditionnelle?

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