Rendu public le 26 avril dernier, le budget 2016-2017 de l’Université Laval atteint tout juste l’équilibre. Épargnée des compressions pour l’an prochain, l’institution vise la poursuite de son développement sur plusieurs aspects. Le vice-recteur exécutif Éric Bauce s’est toutefois fait clair sur le contexte économique actuel très difficile en éducation.
Trois piliers essentiels, que sont la qualité de la mission, le développement et l’efficience administrative, constituent le propre du budget lavallois, selon M. Bauce. « Dans un contexte où l’Université travaille à l’échelle de la planète, ces trois postulats sont fondamentaux, explique-t-il. Le budget rassemble les moyens qu’on se donne pour parvenir à ces objectifs. »
L’effectif étudiant connait de nouveau une légère hausse, chiffré à 1 % par rapport aux inscriptions du dernier bilan. L’homme de carrière estime qu’une augmentation plus significative passe par la recherche et la valeur de l’offre de l’Université. « Les initiatives transdisciplinaires génèrent des ressources, ce qui veut dire plus de bourses, poursuit-il. Après l’admission, il faut assurer la bonne évolution des programmes de formation de 1er cycle. »
Depuis 2010, l’Université Laval a suspendu les admissions dans 25 programmes, mais en a créé 50. « Une dynamique toujours en cours et en amélioration constante», selon le montpelliérain d’origine.
Comprendre le contexte budgétaire
Élevées à plus de 50 millions de dollars au cours des deux dernières années, les coupures financières imposées à l’Université Laval ont eu l’effet d’une bombe dans les coffres de l’organisation. « Les compressions successives sont très difficiles à gérer, car il n’y a aucun refinancement permettant de couvrir ces coûts de système de 10 millions de dollars, résume M. Bauce. Même si aucune coupe n’est annoncée, on demeure dans la précarité et il faut trouver des solutions. »
Tout le milieu de l’enseignement supérieur québécois fait face à un contexte difficile, depuis plusieurs années, qui n’épargne pas l’UL. « L’équilibre budgétaire est fragile, principalement parce que la manière dont on finance nos universités, au Québec, témoigne d’une mécanique déficiente qui n’est pas durable », exprime celui qui est également docteur en entomologie forestière. Un processus qui, selon lui, ne base son déroulement que sur deux atouts sans avenir : plus d’étudiants et plus de revenus en frais de scolarité.
La formation en ligne est l’un des dossiers de plus en plus populaires à l’Université Laval et partout ailleurs au Québec. Le budget inclut des investissements technologiques plus importants, par le biais de projets spécifiques et de fonds externes. Un financement devant être attribué avec beaucoup de précaution, selon le vice-recteur exécutif, pour qui le lien humain entre l’enseignant et ses étudiants est primordial. « Le risque, avec les technologies, est de déshumaniser la relation d’apprentissage, raisonne-t-il. Les technologies ont une capacité d’adaptation, certes, mais ça doit se faire de manière intelligente, hybride et libre ».
Le volumineux document accorde également une place à la notoriété du blason lavallois. Celle-ci signifie d’abord le recrutement d’un personnel de qualité. Il importe d’encourager plusieurs regroupements de recherche et des programmes novateurs, selon le vice-recteur, comme l’Institut nordique, le dossier Apogée, l’Alliance Santé ou le plan de carboneutralité. « Plus l’UL se positionnera comme un modèle inspirant, plus on gagnera de la crédibilité et plus notre université deviendra un moteur social », conclut M. Bauce.
Ce qu’en pensent les associations étudiantes
Régulièrement sollicitées par l’UL pour leurs opinions et leurs réactions, l’ÆLIÉS et la CADEUL ont un mot à dire dans la construction d’un tel budget et dans l’amélioration des conditions de vie étudiantes. L’actuel président du regroupement des étudiants inscrits aux 2e et 3e cycles, Stéphane Lebrun, estime que l’Université Laval s’est conformée aux exigences préalablement discutées et que les meubles ont été sauvés. « Le rectorat a respecté les engagements pour lesquels on avait discuté, même dans un contexte difficile de pressions gouvernementales, admet-il. Ça représente un gain pour nous. »
Celui qui en est cette année à son troisième mandat à l’ÆLIÉS souligne l’impact économique de l’initiative des Fonds des services de santé et d’éducation postsecondaire (FSSEP) lancée il y a deux ans par la CADEUL. « Équivalente à la taxe santé, cette mesure représenterait 1 % sur la masse salariale des organisations et se révèle une alternative intéressante au dé-financement, suite à un désengagement gouvernemental », poursuit-il. Le manque à gagner de 10 millions de dollars des coûts de système demeure toutefois très inquiétant pour l’association.
De son côté, Vanessa Parent, récemment élue présidente de la CADEUL, précise que l’association a certaines inquiétudes à la vue de ce budget, principalement parce les conséquences des coupes se font encore sentir. « L’effet est encore là, admet-elle. Les charges de cours et les cours à option ont énormément diminués, et il y a plus d’étudiants par classe. »
Vanessa soutient également que l’augmentation massive de la formation à distance amène certaines réserves au sein de la confédération. « Personne n’est contre l’apprentissage en ligne, mais ce n’est pas une formation uniforme qui convient à tous, conclut la présidente élue en en mars dernier. On veut surveiller le dossier, pour assurer une augmentation dans les règles. »
En chiffres
- 1 000 000 $: Pour développer l’enseignement à distance
- 700 000 $: Réduction de l’enveloppe stratégique aux priorités institutionnelles
- 400 298 000 $: Pour la recherche libre et l’enseignement
- 958 154 000 $: En revenus
- 957 043 000 $: En dépenses
- 11 000 000 $: Mesures d’assouplissement et d’investissement
Source: Budget 2016-2017 de l’UL