La Faculté de théologie de l’Université Laval a lancé ses deux plus récentes chaires de leadership en enseignement (CLÉ), jeudi dernier en compagnie du recteur Denis Brière et du cardinal Gérald Lacroix. Ces dernières permettront à la faculté de « se renouveler pour rester pertinente au XXIe siècle », d’après le doyen Gilles Routhier.
Ces chaires, l’une en pastorale et éthique sociale et l’autre en éthique de la vie, sont respectivement les sixièmes et septièmes que possède la Faculté.
La Chaire Marie-Fitzbach en pastorale et éthique sociale voit le jour grâce à un don de 325 000 $ de la Congrégation des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec. Elle aura comme mission de « promouvoir un enseignement de la solidarité sociale inspiré de la tradition chrétienne et enraciné dans la doctrine sociale de l’Église », est-il écrit dans le feuillet d’information officiel.
La Chaire en éthique de la vie, également financée par des donateurs privés, dont les Chevaliers de Colomb et une myriade d’ordres religieux, offrira, peut-on y lire, un « enseignement s’appuyant sur une solide connaissance de la tradition chrétienne ». Il sera ainsi possible de répondre aux questions d’éthique de la vie dans le milieu des soins de santé.
Le titulaire de la Chaire, annoncé lors du lancement, sera Cory Labrecque de Emory University d’Atlanta, spécialiste en bioéthique et éthique religieuse.
L’éthique pour tous
Au-delà de la formation exclusive aux étudiants en théologie, le doyen de la Faculté souligne l’apport des cours d’éthique aux étudiants des autres programmes, surtout en santé. « D’aussi longtemps que je me souvienne, la Faculté de théologie et de sciences religieuses a entretenu des liens étroits avec la Faculté de médecine, admet-il. Encore aujourd’hui, nous offrons un cours d’éthique à la Faculté de médecine. Il y a aussi des cours d’intervention auprès du mourant en service social, en gérontologie et à la Faculté de pharmacie ».
Pour le recteur Denis Brière, ces cours d’éthique permettent de transmettre un « savoir-être » qui s’ajoute au « savoir-faire » habituel.
Participer au débat public
La Chaire en éthique de la vie abordera des enjeux tels que l’avortement, l’aide médicale à mourir, la génétique et l’utilisation des cellules souches sous l’angle théologique. Au lancement, Gilles Routhier a désigné les travaux de recherche comme « fruits à saveur d’Évangile ».
En entrevue avec Impact Campus, ce dernier a présenté la possibilité d’interventions en commission parlementaire ainsi qu’auprès de groupes professionnels et associations. Tout dépendra des circonstances et de la volonté du titulaire de s’engager dans ce sens. Il a toutefois tiré une ligne entre le rôle de militant et celui d’académique, privilégiant la deuxième approche pour la Chaire.
Le doyen a aussi souligné la possibilité de coordonner les activités de la Chaire et celles du collectif Alliance Santé de Québec. Ce groupe, qui inclut des chercheurs de diverses disciplines ainsi que des hôpitaux et des organismes publics, a pour but de repenser le domaine de la santé et des services sociaux. L’apport de la Chaire permettrait « qu’on ne parle pas seulement de financement et de technologie en santé, mais qu’on tienne enfin compte des valeurs et des aspects spirituels de la personne ».
D’après M. Routhier, le financement de cette chaire par des organisations religieuses n’aurait pas pour effet de miner la liberté académique de son titulaire et de discréditer sa recherche. « La Chaire est partagée entre tellement de monde que personne ne pourra prétendre à une voix prépondérante là-dedans, s’il s’avérait qu’un donateur veuille intervenir dans les travaux », rassure-t-il.
Le lancement de ces deux chaires s’inscrit en plein dans la Grande campagne de financement de l’Université Laval qui vise à récolter 350 millions de dollars en dons corporatifs et individuels pour soutenir la mission pédagogique de l’institution. Le recteur Denis Brière a une fois de plus souligné « le manque de financement public » qui rend nécessaire de tels dons.
Au début du mois d’avril, Gilles Routhier a annoncé qu’il contribuerait au financement de la Faculté de théologie et des sciences religieuses en y donnant 30 000 dollars par année sur une période de dix ans, de sa propre poche. Ce don permet de créer une cinquième Chaire de leadership en enseignement et d’ouvrir un nouveau poste de professeur.
Ses motivations? Gilles Routhier prétend que « c’est à la fois une petite folie, mais que ça montre que l’on croit, qu’on s’engage à l’égard d’une Faculté, qu’on considère son potentiel de se développer au XXIe siècle. »