Partout au pays, ce sont plusieurs citoyens qui ont pris la décision de devenir végétariens. Des chiffres encore plus éloquents chez les jeunes, de plus en plus nombreux à cesser leur consommation en viande. À Québec et sur le campus, plusieurs solutions sont envisageables pour entrer dans ce mouvement.
Ils sont de plus en plus nombreux, dans les restaurants, les épiceries et les événements de Québec, à exiger des mets biologiques et végétariens. Plusieurs commerçants de la Ville avouent devoir s’ajuster, alors que d’autres entrepreneurs prennent plutôt le mouvement d’assaut.
Promouvoir le bio à vélo
Kathleen Roy pilote d’abord un projet qui fait tourner bien des têtes cet été. La Bécane à bouffe, un food-bike 100% végétarien, se déplace depuis le mois de mai à travers plusieurs événements de la ville de Québec. Celle qui a été vice-présidente de Limoilou en vrac en 2015 s’est lancée dans cette entreprise l’an dernier.
« Cette année-là, le système de restauration de Limoilou en musique s’est tourné vers la rue et le végétarisme, explique t-elle. Tout a bien fonctionné, ce qui a fait germer en moi l’idée d’un tel projet. » Enfourchant son vélo électrique, Mme Roy estime que plusieurs pays dans le monde ont déjà adopté cette manière conviviale de s’alimenter et que le marché de Québec peut en faire tout autant.
Le projet n’a cependant pas pu être soutenu par le gouvernement, faute d’activité récurrente à l’année longue. La Bécane à bouffe s’est ainsi tournée vers la plateforme de socio-financement de la Ruche, d’où plusieurs contributeurs ont financé le concept de manière volontaire. « J’ai atteint mon objectif beaucoup plus rapidement que je ne l’espérais, poursuit l’entrepreneure. Le public répond vraiment bien et c’est évident qu’il s’agit d’une belle niche à exploiter pour le futur. »
D’ici là, Kathleen Roy sillonnera plusieurs événements dans les environs et proposera notamment un sandwich au tempeh, conçu à base de fèves de soya, au coût de 7 $. Avis aux intéressés, la jeune femme d’affaires annoncera tous ses déplacements sur sa page Facebook.
L’arrivée de Crudessence
Depuis le 14 mars dernier, le populaire restaurant Crudessence, qui se spécialise en alimentation biologique, est installé à Québec. Forte d’un succès monstre à Montréal, l’entreprise fondée par David Côté et Mathieu Gallant espère stimuler l’univers végétalien à Québec.
Selon Leticia Amaral, franchisée Crudessence à Québec, la clientèle d’ici est certes grandissante, mais plus prudente, et elle cherche une façon de bien s’alimenter rapidement. « Notre but est donc d’offrir cette gastronomie gourmande de qualité, mais aussi de sensibiliser une dynamique différente à l’alimentation vivante, explique-t-elle. Tout cela sous un format de restaurant-comptoir efficace. »
En opération depuis trois mois, la succursale de la rue Saint-Joseph séduit une nouvelle classe de consommateurs alimentaires que sont les flexitaristes. « Très nombreux à Québec, ces gens ne sont pas végétariens, mais adhèrent à cette manière de manger, poursuit Mme. Amaral. Plusieurs de nos clients consomment donc de la viande occasionnellement, mais tentent de se limiter avec nous. »
Le menu diversifié de Crudessence permet d’ailleurs à n’importe qui de se régaler. Des soupes aux salades, des tapas aux sandwichs, en passant par les pad thaï, tous trouveront leur compte entre 15 et 25 dollars, promet la jeune propriétaire.
S’impliquer végé à l’UL
Sur le campus, il existe bel et bien un regroupement d’étudiants dont le mandat est d’informer les étudiants aux bienfaits du végétarisme. L’Association végétarienne et végétalienne de l’Université Laval (AVÉGÉ) a pour objectif de « réunir toutes personnes désireuses d’en apprendre davantage sur le végétarisme, qu’elles soient adeptes de ce mode de vie ou non », explique Viviane Golasowski, directrice de l’équipe.
Accueillant toujours de nouveaux membres, le jeune groupe mobilise ses efforts de sensibilisation à travers divers événements étudiants comme le Marché de Noël responsable de l’Université Laval. Les membres expriment également leurs idées dans les médias étudiants et assurent une visibilité sur le campus, en plus d’administrer un blog indépendant.
L’étudiante au doctorat en littérature et arts de la scène et de l’écran voit plusieurs projets au futur de l’AVÉGÉ. « Nous voulons créer des conférences et y inviter des personnalités végétariennes de différents domaines, en plus d’assurer une certaine présence à la rentrée », conclut-elle.
Section témoignages: Étudiants végétariens de l’UL
Les étudiants sont nombreux, sur le campus, à déplorer le manque de ressources entièrement végétariennes ou végétaliennes. Jérémie Lauzon, Dorothé Baron et Sébastien Maléza, tous trois fréquentant les bancs de l’Université Laval, ont pourtant chacun une histoire différente. Dans le cadre de ce dossier, Impact Campus leur laisse la parole.
Jérémie Lauzon, 22 ans, finissant en marketing
Je suis végétarien depuis bientôt un an et franchement, ça se déroule très bien! La question qui me revient le plus souvent est celle-ci : Quelle est ta raison? Après m’être intéressé au sujet, après en avoir parlé à mon entourage et après avoir fait quelques recherches, je me suis vite rendu compte de l’impact important que chaque individu peut avoir au niveau de sa consommation. Le choix n’a donc sérieusement pas été difficile pour moi.
Au début, on manque de repères, mais après quelques semaines, on s’y fait rapidement! Tout est une question d’habitudes! Non seulement on arrive à perdre le gout pour la viande, mais on se sent très bien à l’intérieur. Il suffit, en fait, de manger équilibré pour que le tour soit joué. Et non, contrairement aux croyances, être végétarien n’inclut pas des carences en protéines et en vitamines.
La transition s’est très bien faite de mon côté! Personnellement, j’ai simplement l’impression d’être un citoyen plus responsable et plus respectueux. Ça m’a permis de cuisiner plus souvent et d’essayer divers nouveaux mets! Il suffit de chercher une minute sur Internet pour s’apercevoir que les recettes ne se limitent pas au tofu et à la luzerne, mais qu’au contraire il y a une immense diversité. Sans parler du fait qu’on sauve beaucoup et que la plupart des restaurants suivent cette tendance! Tout cela pour dire que j’ai trouvé que du positif de mon côté! La question que je vous demande en retour: pourquoi pas?
Dorothé Baron, 24 ans, étudiante en communications
En 2014, j’ai décidé d’écrire un blogue de recettes végétaliennes : dodolagrano.com. Je voulais démontrer que la cuisine végé est loin d’être plate et qu’on n’a pas à sacrifier tous nos plats favoris en adoptant ce mode de vie. Mon but : inspirer les gens à devenir végé. Moi-même ayant été inspirée par les réseaux sociaux, c’est à partir des #vegan et #vegetarian sur Instagram et Pinterest que j’ai découvert que ce mode de vie était possible, accessible et sain.
À l’époque, je n’avais pas de proches végétariens et je n’avais même jamais envisagé de devenir végétarienne. Ayant toujours été sensible à la cause animale et intéressée par l’alimentation, devenir végétarienne a été facile, car c’était logique pour moi et cela correspondait parfaitement à mes valeurs.
De nos jours, avec la visibilité dont bénéficie le végétarisme et avec le nombre d’adeptes qui ne cesse de croître, c’est de plus en plus facile de devenir végé à Québec. Les épiceries regorgent de produits intéressants et les restaurants offrent plein d’options dans leur menu … Ne reste plus qu’à convaincre nos proches experts en protéines qu’on n’est pas carencés !
Sébastien Maléza, 20 ans, étudiant en administration
J’ai mangé de la viande pendant les 19 premières années de ma vie sans vraiment me poser de questions. Bien que j’aie toujours aimé les animaux, je faisais difficilement le lien entre les repas et la mort des animaux. Si j’avais été conscient de toutes les conséquences qu’a cette façon de s’alimenter, j’aurais effectué ce changement bien avant. Voici quelques faits qui m’ont motivé à changer.
Chaque année, 60 milliards d’animaux terrestres ainsi que 1000 milliards d’animaux marins sont tués. L’élevage intensif produit plus de GES que tous les moyens de transports réunis ensemble. Aux États-Unis, 80 % de l’eau potable sert à l’élevage des animaux. Il faut environ 50 litres d’eau pour produire 1 kilo de lentilles alors qu’il en faut 260 fois plus, soit 13 500 litres, pour produire 1 kilo de bœuf. 91 % de la déforestation en Amazonie est causée par l’élevage. Il y a actuellement plus de 900 millions de personnes qui souffrent de faim dans le monde, et ces mêmes personnes pourraient être nourries adéquatement si plus de gens adoptaient une alimentation végé.
Le fait de savoir que je ne contribue pas à la souffrance de ces êtres innocents a bien meilleur goût que n’importe quel steak ou volaille. Je rêve d’un jour où il ne sera plus légal d’élever des animaux dans les conditions actuelles et de les mettre à mort dans le simple but d’un plaisir gustatif. Je me sens non seulement mieux physiquement, mais également mentalement, d’adopter ce mode de vie que je considère plus éthique. C’est sûr que ça prend plus de temps pour préparer les repas, mais ce changement m’a permis de devenir plus débrouillard et d’apprendre à cuisiner davantage. Il y a de plus en plus de produits qui sont disponibles en épicerie pour faciliter la transition et il y a un nombre grandissant de restaurants qui offrent un menu végé. J’en profite pour remercier mes parents qui me supportent dans ce mode de vie. Chaque jour, chaque être humain peut faire le choix de sauver la vie d’animaux en faisant preuve de compassion, pour vivre dans un monde meilleur. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », disait Gandhi.