« Éclore en bourgeons pétalliques »
Avec L’étoile thoracique, dernier opus de Klô Pelgag, on troque l’atmosphère biscornue d’une forêt enchantée rencontrée précédemment chez l’artiste pour un décor galactique qui lie ses constellations à nos veines.
Récipiendaire du Félix Révélation de l’année 2014 du Gala l’ADISQ, l’auteure-compositrice-interprète Klô Pelgag s’est rapidement frayée un chemin sur la scène musicale québécoise avec un EP, suivi de près par un premier album, L’alchimie des monstres, qui lui permettent tout de suite de se démarquer par un éclectisme frais et une authenticité touchante. Elle nous revient avec un nouvel album, L’étoile thoracique, qui emprunte, l’espace d’une heure, le langage des astres pour livrer à son auditoire un voyage intergalactique.
Dans ce second opus, les instruments recèlent leur propre histoire, qu’ils doivent raconter. Cet alliage d’instruments d’un dramatique classique, tels l’orgue, le violon ou le piano, et d’instruments un brin plus inusités (mentionnons simplement l’utilisation de ce qui s’appellerait kye waing) projette une mélodie qui agit à titre de personnage à part entière dans la genèse de l’album. On remarque notamment sa complexité par le biais de Les ferrofluides-fleurs, où l’on mélange flûte à bec et charango dans des arrangements qui donnent l’impression de voir les étoiles danser une gigue autour de la lune.
De même, Au bonheur d’Édelweiss, qui se veut au départ berçant avec sa simple mélodie au piano, atteint un paroxysme d’abord théâtral, puis carrément palpitant au dénouement du morceau, avec ses alarmants cris de violons.
Cela dit, l’instrument qui prédomine et qui fascine le plus dans cette œuvre demeure la voix de la Gaspésienne de naissance. Toujours aussi polyvalente, elle jongle avec justesse et aisance entre un ton feutré, presque parlé, et des emportements aériens de vocalises, une particularité qui frappe dès Samedi soir à la violence, premier morceau de l’album, où le couplet et le refrain se lancent dans un chassé-croisé nucléaire. Il ne faudrait également pas passer outre Le sexe des étoiles, où la chanteuse réussit à nous envoûter avec des exclamations à la fois gutturales et haut perchées, qui nous semblent venir d’un autre monde.
Nulle surprise non plus, pour quiconque aillant touché de près ou de loin à la musique de Klô Pelgag, à ce que la poésie colore les textes de L’étoile thoracique. Plus rien n’est en effet ce qu’il est rationnellement censé être dans les contes déjantés de la jeune femme, qui fait pleuvoir les métaphores comme des météorites. On saisit ainsi au vol, dans Insomnie qui lui mange la tête, ou que, dans Le sexe des étoiles, c’est l’hiver « dans les fentes fatiguées par le plaisir », autant d’images qui choquent par leur caractère évocateur.
L’album, donc, dans une continuité de l’optique de son prédécesseur plus que dans un souci de s’en affranchir, saura combler ceux qui prirent goût au son surnaturel qui faisait déjà la réputation de l’excentrique Klô Pelgag.