Le Centre d’expertise en gestion agricole (CEGA), dont les locaux sont situés au pavillon Paul-Comtois de l’Université Laval, lance son tout nouveau projet d’entreprise pour venir en aide aux agriculteurs du Québec. Officiellement disponible depuis le 23 novembre, l’outil virtuel ALEOP souhaite faciliter la gestion comptable des fermes d’ici tout en intéressant plus de jeunes à l’agriculture.
Fondé en mai 2009, le CEGA est un organisme à but non lucratif qui a pour mandat d’augmenter les capacités de gestion des agriculteurs à l’échelle provinciale. Cette mission se décline sous plusieurs angles, selon le directeur général du groupe Patrice Carle.
« Ça se fait d’abord par la formation, l’appui aux conseillers en gestion, mais aussi par du mentorat et la veille économique de l’environnement agricole, explique-t-il. C’est surtout de supporter la production. »
Sur le campus, l’entreprise collabore avec la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, qui siège sur son conseil d’administration, et se mobilise sur divers dossiers de la vie étudiante. « On est impliqué dans la plateforme en entrepreunariat agricole, qui a été lancée l’an passé, poursuit M. Carle. On a toujours des liens avec les étudiants, les futurs agronomes. C’est pour ça qu’on voulait être proches d’eux. »
Le but de ALEOP
C’est à travers plusieurs enquêtes, focus groups et sondages que le CEGA a réalisé l’existence d’un problème flagrant en agriculture au Québec. L’ampleur des tâches administratives et financières peut devenir très lourde, selon le directeur, embourbant les propriétaires dans le classement des documents et les nombreuses exigences gouvernementales. « Les gens n’ont pas de temps pour compter leurs revenus et dépenses, car ils sont trop impliqués dans les opérations concrètes, sur le terrain », poursuit-il.
Fruit du travail de quatre ans de réflexion et de programmation, ALEOP propose de faciliter cette entrée considérable de données. Le caractère visuel du logiciel simplifierait grandement la comptabilité. « Nos clients ont accès à des indicateurs, en temps réel, de leurs chiffres et peuvent réagir beaucoup plus vite, affirme le bachelier en agroéconomie de l’Université Laval. Ça permet de voir venir, puisque souvent, on découvre trop tard que notre entreprise va mal. »
Ce système de captation de données est une première au Québec, ce qui crée des possibilités aux proportions démesurées pour le CEGA. Celui-ci a récemment formulé la demande de breveter son nouveau concept à l’échelle nationale. « Il y a vraiment un marché, ça ne s’est jamais fait encore que de rendre ça disponible en ligne », souligne Patrice Carle.
Intéresser les jeunes à l’agriculture
À l’interne, le programme de mentorat propose un dialogue entre jeunes agronomes et une équipe de neuf conseillers agricoles. « Nous sommes des intermédiaires là-dedans. On fait le jumelage en fonction des profils de chacun et ça fonctionne très bien », rappelle-t-il.
Plus moderne, le nouvel outil numérique du Centre d’expertise en gestion agricole est également disponible en version mobile. Il pourrait rejoindre cette nouvelle génération des milieux ruraux, qui n’est plus intéressée par la comptabilité papier. « Ça va permettre aux jeunes de le faire, sans paperasse, lance le principal intéressé. C’est plus technologique, et ça rassemble tous les fournisseurs au même endroit. »
L’équipe de 12 employés a d’ailleurs rencontré plusieurs jeunes agriculteurs dans les dernières années. Leurs ambitions sont bien différentes, assure le président. « Ils veulent que les conseilleurs leur parlent souvent, mais rapidement. La génération Y est faite comme ça, il faut que ça aille vite. »
Futur du projet
S’affirmant plus simple et moins couteux, ALEOP demande d’un particulier qu’il dépense au minimum 80 $ par mois et 960 $ au terme d’une année. Le concept dessert déjà 45 entreprises au Québec et prévoit de grandes expansions. « Notre but, c’est de monter rapidement à 500 clients d’ici le mois de juin et d’arriver à 1000 à pareille date l’an prochain », note le leader du CEGA.
Éventuellement, l’organisme aimerait organiser des forums de discussion, déclinés sous la forme de Journées ALEOP. L’opportunité permettrait de rassembler tous les clients pour parler de l’outil, des améliorations possibles, mais aussi des réalités de l’industrie.
Patrice Carle promet une rétroaction constante de son logiciel, qui continue de grandir de manière hebdomadaire. « Je crois que les gens voient le potentiel et sont prêts à supporter les détails qui ne sont pas encore parfaits, conclut-il. Ce qui est sûr, c’est que le Web ouvre un autre monde. »
Le paysage agricole québécois en chiffres
29 000 : Nombre estimé de fermes et d’entreprises agricoles au Québec
33 % : Portion des produits alimentaires consommés par les Québécois qui proviennent de fermes locales
95 % : Taux de placement offert par le secteur agricole à la sortie de l’université
42 000 : Nombre de Québécois qui ont fait de l’agriculture un métier permanent
2 %: Portion du territoire consacrée à l’agriculture au Québec, malgré son importance. Ce chiffre se situe à 45 % aux États-Unis et à 58% en France.