Mené par la professeure en sexologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Manon Bergeron, le rapport Violences sexuelles en milieu universitaire au Québec sera rendu public lundi.
Cette nouvelle source d’informations parait quelques mois après que le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) ait publié un rapport officiel sur les meilleures pratiques à adopter en prévention et intervention sur les campus.
L’étude en question a été dirigée pendant plusieurs semaines auprès de 9000 répondants à travers six universités québécoises : l’UQAM, l’Université de Montréal, l’Université Laval, l’Université de Sherbrooke, l’Université du Québec en Outaouais et l’Université du Québec à Chicoutimi.
L’équipe de recherche derrière la publication propose 15 ultimes recommandations afin de prévenir l’intensification des violences sexuelles à l’université. Parmi celles-ci, on retrouve la création d’une loi-cadre spécifique accompagnée d’un plan d’action gouvernemental obligeant les institutions d’enseignement à prévoir des mesures contre le phénomène.
Mme Bergeron et ses collègues suggèrent également de fonder des campagnes de sensibilisations et des ressources qui seraient disponibles en tout temps sur les campus de la province.
Des chiffres révélateurs
Le volumineux document confirme l’existence formelle d’un grave fléau dans le monde étudiant : 37 % des personnes travaillant ou étudiant à l’université ont déjà vécu au moins une forme de violence sexuelle au cours de leur parcours.
« Pour les personnes qui s’imaginaient encore que c’était banal, ça montre bien que ce n’est pas le cas. Alors que l’université est censée être un milieu de vie sécuritaire, où on se sent bien, ce ne l’est plus pour certaines personnes qui changent de programme, évitent certains endroits et certaines personnes » -Manon Bergeron, dans La Presse.
Au total, le groupe aura reçu près de 2000 témoignages de victimes avant d’émettre ses conclusions. 90 % des répondants n’auraient jamais signalé de plaintes à leur établissement de formation après avoir subi des violences sexuelles. La statistique souligne un silence à combattre et un manque de confiance envers les universités, indique l’enseignante.
Près d’une victime sur deux rappelle dans ce rapport que le traumatisme causé a grandement affecté sa réussite académique, personnelle et même professionnelle, dans le cadre d’une implication ou d’une diplomation.
Outil de mobilisation
Manon Bergeron lance un appel à tous concernant son ouvrage : elle souhaite que celui-ci soit utilisé comme une incitation au changement, à la mobilisation, et non comme une simple lecture de passage.
Elle estime qu’il est plus que positif de voir que l’ensemble de la société s’identifie de plus en plus à cet enjeu.
Le manuscrit devrait être remis en mains propres à la ministre Hélène David, au cours des prochains jours, à l’Assemblée nationale du Québec.
Ces informations s’ajoutent au processus complexe de recherche de documentation du ministère de l’Enseignement supérieur, en vue des quatre journées de consultation et de prévention en milieu universitaire qui se tiendront à Québec, Montréal, Gatineau et Saguenay en mars prochain.
Statistiques ESSIMU (Enquête sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire)
47 % : Proportion des violences sexuelles qui se déroulent au cours d’activités sociales ou festives (ce qui ne comprend pas les initiations).
39 % : Proportion d’entre elles qui prennent lieu lors d’activités d’enseignement ou d’études.
31 % : Proportion d’entre elles qui surviennent pendant que des tâches professionnelles sont exécutées.
12 % : Proportion d’entre elles qui ont lieu lors des initiations automnales et hivernales.