Six acteurs-créateurs, une conceptrice musicale et un concepteur musical se rassemblent sur la scène du théâtre Périscope jusqu’au 4 février. Le but: présenter un attentat poétique réalisé à partir des textes d’une trentaine d’auteurs. Entrevue avec l’une des metteures en scène et comédiennes d’Attentat, Véronique Côté.
Comment vous est venue l’idée d’Attentat?
L’impulsion du spectacle est née en 2013, juste après le printemps étudiant de 2012. On était dans un espèce de dégonflement de cette ferveur-là qui avait saisi tout le monde. On avait un peu la sensation qu’on perdait prise sur le momentum, que c’était en train de nous glisser des doigts, cette envie de passer à l’action-là, de rassemblement.
Il se passait vraiment quelque chose de collectif au Québec à ce moment-là, donc on a eu envie de donner du combustible aux gens pour ne pas que ça meure complètement cette affaire-là, que les gens continuent d’avoir du courage, d’avoir le goût de s’impliquer, de s’investir et surtout de ne pas tout abandonner et de se replier chacun sur soi.
D’après les commentaires reçus jusqu’à présent, sentez-vous que vous avez atteint votre cible?
Moi, je trouve que, plus les gens sont jeunes, plus ils réagissent avec ferveur au spectacle. Et ça, ça me fait vraiment dire qu’on a atteint notre cible. Pour certains, c’est un des premiers contacts qu’ils ont avec la poésie et ils nous disent qu’ils ne pensaient pas que c’était ça, de la poésie, que c’est vraiment le fun. Donc tout ça, pour nous, c’est vraiment un signe qu’on a atteint notre cible. Et le fait que les gens se sentent galvanisés, c’est exactement le but qu’on avait en créant ce spectacle-là.
La création, c’est un risque. Dans le cas de ce spectacle-là, on l’a déjà présenté donc on sait que c’est un spectacle qui marche, qui rejoint. C’est vraiment un spectacle pour tous. On n’a pas besoin d’être un amateur de poésie, ni un initié ou un connaisseur pour apprécier le spectacle, c’est vraiment construit pour tout le monde.
Vous travaillez avec votre sœur, Gabrielle Côté, sur ce spectacle. Qu’est-ce que cela vous apporte plus particulièrement?
Ma sœur et moi on a envie de travailler ensemble parce qu’on se respecte énormément en tant qu’artiste. On apprécie immensément le travail de l’autre et la personnalité artistique de l’autre. Aussi, dans le travail, on est des personnes qui se complètent très bien, qui travaillent vraiment bien ensemble.
Ma sœur est plus jeune que moi, elle est sortie de l’école longtemps après moi, donc je trouve ça très rafraîchissant de travailler avec elle aussi parce que, même quand on n’a pas l’impression d’avoir des habitudes, ça nous déplace de travailler avec du monde plus jeune et dans le début de leur carrière. Il y a une espèce de rage, de fièvre, qui me nourrit beaucoup et, ma sœur, je la trouve très inspirante dans la vie et artistiquement donc c’est un grand bonheur d’avoir la chance de travailler ensemble. On aime beaucoup ça faire ça.
Comment avez-vous choisi les textes qui allaient composer le spectacle?
On a cherché dans le répertoire contemporain. On a travaillé de façon très instinctive, on est allées vers les auteurs et les titres qui nous interpellaient naturellement. On a aussi demandé à des gens autour de nous qui lisaient beaucoup de poésie de nous pointer des auteurs. On a lu énormément de poésie et, quand on trouvait des choses qui semblaient résonner avec ce qu’on avait envie de dire, on les amenait et on essayait de les mettre en scène et en résonnance avec les autres textes.
Ça s’est construit comme ça, par petits morceaux en fait. Il n’y a pas de récit dans ce spectacle-là, mais il y a une courbe dramatique qui nous amène d’un point à un autre par l’assemblage de ces différents poèmes-là.
Attentat est présenté jusqu’au 4 février au théâtre Périscope. Par la suite, il sera possible d’assister à un autre projet de Véronique Côté avec Venir au monde, qui sera présenté du 25 avril au 20 mai au théâtre Le Trident. Ce texte d’Anne-Marie Olivier sera mis en scène par nulle autre que Véronique.