Personnalité du mois : Pascal-Hugo Caron-Cantin

Quand on doit rompre avec une passion, la remplacer par une autre est une option à envisager. Le capitaine de l’équipe de natation du Rouge et Or, Pascal-Hugo Caron-Cantin, fera cette transition dans moins d’un mois. Sa vie prendra alors un tout nouveau sens.

En pleine préparation pour le Championnat universitaire canadien qui aura lieu à Sherbrooke du 23 au 25 février, l’athlète originaire de Chicoutimi ne peut faire autrement que de penser à ce qui l’attend par la suite. Car après plusieurs années à avoir mis la natation au centre de ses priorités, il accrochera finalement son maillot.

À moins d’être l’exception à la règle, un athlète pratiquant la natation ne peut pas aspirer à une carrière professionnelle à la suite de ses cinq années d’éligibilité dans les rangs universitaires. Pascal-Hugo en est à ce point. En entrevue avec Impact Campus, l’étudiant à la Maîtrise en études littéraires s’est confié sur la façon dont il vit la fin de cette grande aventure.

Le tout pour le tout

Celui qui a célébré ses 26 ans en janvier a effectué un énorme sacrifice dans les derniers mois. Afin de boucler la boucle en beauté, il a arrêté de travailler pour se concentrer uniquement sur la natation. Une décision qui se traduit par d’excellentes performances.

Il ne pourrait toutefois pas maintenir ce rythme une année supplémentaire, précise-t-il. « Je n’ai juste pas de support financier. J’ai certaines bourses, mais ce n’est vraiment pas assez. Juste ça, ça fait en sorte que je suis à l’aise avec le fait que ce sera fini. »

Et quand Pascal-Hugo utilise le mot « fini », c’est dans son sens large. « Je n’ai pas l’intention de rester dans le domaine de la natation. Je ne veux pas aller dans le coaching. Je ne veux pas donner dans le sport. J’ai eu mon quota », explique-t-il.

Dans un mois, toutes les compétitions qu’il a vécues seront donc derrière lui. Il ne lui restera que des souvenirs. C’est pourquoi il a décidé de mettre tous ses œufs dans le même panier. Il souhaite compléter sa carrière avec un sentiment de satisfaction.

« C’est plate parce que tu aimerais voir où ça pourrait se rendre et c’est le fun parce que tu finis avant de te tanner. C’est une balance. »

De nouveaux projets

Se résigner à arrêter son sport de prédilection alors qu’on aurait plutôt envie d’accéder au niveau supérieur n’est pas facile. Pour passer à travers cette étape, Pascal-Hugo entend mettre son énergie sur une autre passion qu’il a depuis longtemps: l’écriture.

Dans les dernières années, il a dû la laisser de côté trop souvent à son goût par manque de temps. Et pour avoir vu certains de ses amis arrêter le sport de haut niveau sans avoir un nouvel élément central dans leur vie, il sait qu’elle pourrait faire une différence.

Dans le cadre de son projet de fin d’études, il mettra d’ailleurs le cap sur les États-Unis avec sa moto. Il aura ensuite l’occasion d’écrire le récit de son voyage.

« Une fois que la natation sera finie, je me lancerai à 100 % dans quelque chose d’autre. Je pense que c’est ça le danger avec les personnes qui font du sport d’excellence. C’est de se ramasser du jour au lendemain avec rien. Je pense que, quand ça arrive, c’est là que tu deviens déprimé. Il y a du monde qui a des problèmes de sortir de ça. »

« Je ne dis pas que je n’en aurai pas. Peut-être que je vais en avoir. Je n’espère pas. Mais je pense que si tu as quelque chose d’autre à te dédier à 100 % avec la même intensité et la même passion que tu avais pour le sport, c’est une bonne transition. »

 

Records dans la mire

Avec encore deux compétitions à faire en carrière, Pascal-Hugo Caron-Cantin espère encore battre certains records individuels de l’histoire Rouge et Or.

Pour se servir de motivation, il observe le tableau longeant la piscine du PEPS où est inscrit le meilleur temps de chaque catégorie de course autant du côté des hommes que des femmes.

Individuellement, son nom est déjà associé à celui du 50 et 100 mètres dos. Il souhaite maintenant l’ajouter au 50 mètres libre et au 50 mètres papillon. Ces marques ont été établies par Nicolas Murray en 2009.

« C’est comme quand tu joues à Mario Kart et que tu peux mettre le fantôme du meilleur temps de la course. Je sais je me situe où par rapport à ça. C’est super motivant », image-t-il.

Le principal intéressé aura d’abord l’occasion de battre ces records au PEPS à l’occasion du Championnat universitaire provincial qui y sera présenté du 10 au 12 février. Deux semaines plus tard, il ira à Sherbrooke où seront réunis les meilleurs nageurs de niveau universitaire au pays.

Comme il ne peut pas anticiper avec exactitude la performance de ses adversaires, le mieux est de concentrer sur les siennes, insiste-t-il. « Les positions, je ne peux pas vraiment les contrôler, mais si je réussis à faire ça, elles risquent d’être bonnes. »

On pourrait tout de même le voir monter sur la plus haute marche du podium à sa dernière compétition de niveau national. Contrairement aux deux dernières années, la longueur du bassin en finale sera de 25 mètres. L’an passé, au PEPS, le fait qu’il était passé de 25 à 50 mètres pour la toute dernière course lui avait nui.

« En 25 mètres, c’est vraiment ma force. Ça ouvre la porte à une grosse finale pour moi, à une façon de m’en aller en pleine possession de mes moyens. »

Soutien apprécié

Lors de ces dernières épreuves, il pourra non seulement compter sur l’appui de ses proches, mais aussi d’admirateurs qui ont suivi son évolution avec intérêt. Récemment, sa mère lui a raconté avoir eu une discussion avec un père de famille. Il faisait des compétitions avec ses enfants lorsqu’il vivait au Saguenay. Ceux-ci l’ont suivi durant toute sa carrière de nageur.

« Il y en a plein d’autres qui me suivent et qui sont impressionnés de voir un petit gars de 5’11 qui vient de Chicoutimi être rendu là. De pouvoir dire que tu as eu un impact dans la vie de ne serait-ce que d’un jeune, c’est cool. Si je finis en ayant ça en tête, ça me laisse en paix. »

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