« Ramenez-vous un inconnu à la maison ». Concept intriguant n’est-ce pas? Acheter un livre sans connaître ce qui se trouve sous la couverture, c’est l’initiative des libraires de Québec, depuis quelques années déjà. La Saint-Valentin est l’occasion idéale pour se procurer ces livres-mystère. Une rencontre à l’aveugle entre un auteur et un lecteur.
Il y a deux ans, par une Saint-Valentin plutôt maussade, je tombe sur cette initiative. De beaux livres emballés de papier kraft arborent seulement quelques mots pour attiser la curiosité. Quelques perches pour mieux se laisser hameçonner. J’hésite entre plusieurs, mais je choisis celui annonçant : poésie, adultère, onirisme, folie, mer.
En revenant dans ma chambre étudiante, je découvre Océan mer d’Alessandro Baricco. L’illustration est peu affriolante, mais la quatrième de couverture, prometteuse. En ce février frisquet, j’ai été complètement dépaysée. Les descriptions du roulis de la mer sont sublimes. Je sens presque l’eau salée me caresser les orteils gelés par l’hiver qui n’en finit plus de finir. À ce jour, ce roman demeure l’une de mes expériences de lecture les plus marquantes. D’autant plus que j’ai le sentiment étrange que, ce livre et moi, nous étions faits l’un pour l’autre.
Par le biais de cette chronique, je ne peux vous proposer de beaux livres inconnus, mais je compte bien vous partager mes coups de cœur. Des romans qui méritent de sortir un peu de l’ombre et d’atteindre un nouveau public.
Pour les amoureux de lecture
Proposer des suggestions de lectures pour la Saint-Valentin sans tomber dans le cliché, c’est possible ? Je crois que oui. D’amour ou d’amitié, tragique ou pleine de rires, ces histoires vous iront droit au cœur.
Les Anecdotiers, Car Bessette, La mèche, 2015
Bien plus qu’une simple histoire d’amour, ce roman propose plusieurs réflexions sur l’art et l’acte de création. Une bande d’amis écrit le manifeste pour les anecdotes, cette nouvelle façon de créer de l’art performance et événementiel. Vous y trouverez des phrases à l’effet magnétique : « Car il n’y a dans l’amour qu’une suite d’événements à deux sens uniques, hier est passé, aujourd’hui on aime, et demain on verra. »
La maison étrangère, Élise Turcotte, Leméac, 2002
Un magnifique roman : Elisabeth se sent comme dans une maison étrangère dans son propre corps après le départ de Jim. Il y a Marc pour tenter de réparer les blessures du corps. Et les blessures de l’âme ? Il faut aussi sauver Lorraine, la bibliothécaire, personnage énigmatique et attachant. Des passages à couper le souffle par leur poésie. Mon roman préféré de Turcotte!
B.E.C Blonde d’entrepreneur en construction, Suzanne Myre, Marchand de feuilles, 2014
Les petits accrochages au sein du couple font beaucoup rire, on s’y reconnaît parfois. La narratrice est hilarante avec sa façon de nous parler de sa kleptomanie et sa manière de raconter les mauvais tours qu’elle concocte. Un roman peut-être plus léger, mais qui ne procure pas moins un immense plaisir de lecture.
Les amants de Coyoacan, Gerard de Cortanze, Albin Michel, 2015
Qui sont ces amants ? Nul autre que Frida Khalo et Léon Trotski. On sent, on vit le Mexique en pleine ébullition. À la lecture de ce roman inspiré de faits réels, j’ai appris beaucoup de choses sur Frida Khalo et sur sa grande détresse psychologique ; une femme qui a marqué l’histoire de l’art et qui multipliait les amants tout en peinant à être heureuse. Un roman très bien écrit qui fait voir les coulisses de la révolution russe, le tout sans que ce ne soit politiquement hermétique. Les descriptions des toiles de Khalo sont tout simplement magnifiques.