Démocratiser le chanvre au Québec

Le jeune organisme Chanvre Québec est né du désir de ses fondateurs, Jérémie Aubut et Darko Popovic, de partager leur passion pour cette plante aux multiples utilités. La production et l’utilisation du chanvre au Québec demeurent, selon eux, largement déficientes. Pourtant, comme ils se plaisent à le dire, « c’est une plante qui permet d’en faire plus avec moins ».

Les deux entrepreneurs se sont rencontrés au Cégep de Granby, alors qu’ils étudiaient en technique administrative. Leur intérêt commun pour la plante les a poussés à explorer les différentes avenues possibles.

Ils ont ensuite rapidement constaté que le monde du chanvre est assez limité au Québec et que ceux qui sont prêts à le financer se font assez rares. Ils ne se sont pas pour autant laissés décourager. « C’est devenu comme un défi à entreprendre », se rappelle Jérémie.

En 2016, l’entreprise a réellement pris forme. La mission principale de Chanvre Québec est alors devenue celle de combler le vide entourant cette plante dans la province. Darko, qui lui est étudiant en administration à l’Université Laval, affirme que l’objectif est de faire rayonner le chanvre et de le rendre plus accessible et répandu.

L’offre de Chanvre Québec se décline ainsi en quelques volets. Premièrement, l’entreprise permet aux artisans et aux producteurs associés de bénéficier d’une vitrine sur le Web. « Nous voulons créer un effet rassembleur en leur offrant une plateforme commune », poursuit Darko. L’organisme sans but lucratif offre ensuite des services-conseils, surtout sur le plan marketing, à tous ceux qui évoluent dans le monde du chanvre.

Les deux fondateurs souhaitent que Chanvre Québec devienne une source d’information incontournable sur cette plante qui demeure, selon eux, méconnue et chargée de préjugés. « On est des gars normaux et on tripe sur le chanvre; on veut que les gens comprennent pourquoi, tout simplement », lance Jérémie.

Une plante presque miracle

Leur intérêt pour le chanvre s’est développé à partir d’une fibre et d’un goût développé pour l’écologie au cours de plusieurs voyages. « Je trouvais ça paradoxal de voir que des cultures demandant beaucoup d’eau, telles que le coton, se faisaient dans des pays où celle-ci se faisait rare », remarque Jérémie.

Celui-ci note que le chanvre est une plante qui requiert moins d’eau et qui ne nécessite pas l’utilisation de pesticides. C’est ainsi une culture plus durable.

La plante a aussi impressionné les deux jeunes entrepreneurs par sa versatilité. Ses grains sont utilisés dans l’industrie alimentaire et son huile peut être convertie en biocarburant. Ses fibres peuvent entrer dans la composition du béton pour la construction, des tissus pour l’industrie textile ou encore pour le papier et les bioplastiques.

« En plus, c’est une plante qui pousse super bien au Québec et au Canada », ajoute Jérémie.

Un avenir à tracer

Actuellement, la province ne tire pas bien profit de la polyvalence du chanvre, poursuivent-ils. « Présentement, au Québec, 100% de la production est réservée pour le secteur alimentaire », se désole-t-il. Malgré ce manque de diversité, il trouve tout de même rassurant de constater que la graine à elle seule permet aux producteurs d’être rentables.

Ce sont surtout les utilisations qui peuvent être faites des fibres de la plante qui intéressent les fondateurs, d’où l’importance que prend l’innovation pour l’OBNL. « L’argent récolté sert directement à être réinvesti pour faire progresser l’industrie au Québec », indique Darko.

Le manque d’efficacité dans la manière de traiter et de faire les récoltes est un enjeu majeur pour Chanvre Québec. Étant donné le manque d’expertise dans le domaine, Jérémie s’est donné le devoir de tout apprendre par lui-même. « Je veux être l’expert du chanvre au Québec, puisqu’il n’y en a pas encore », assure-t-il, visiblement motivé par son expérience.

Son collègue ne peut s’empêcher de vanter ses talents d’autodidacte. « Il fait des choses pour lesquelles il aurait besoin de trois baccalauréats », s’étonne Darko.

Ce dernier se dit très fier de la direction que prend Chanvre Québec. L’OBNL mettra deux produits alimentaires sur le marché d’ici peu. De plus, un agronome s’est récemment joint à l’équipe et pourra offrir ses services-conseils aux agriculteurs. « On est assez nouveaux sur la scène au Québec, mais on a déjà accompli beaucoup », se réjouit Darko.

Les deux fondateurs voient grand. Ils espèrent un jour être en mesure de collaborer avec des entreprises d’envergure. Selon eux, ce ne sont pas les idées qui manquent. D’ici là, ils visent à augmenter leur portée médiatique dans les salons de visibilité cet été.

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