D’abord reportée à l’automne 2016, lors des festivités entourant l’anniversaire de la CADEUL, la publication du livre des 35 ans n’est toujours pas chose faite à l’issue du mandat 2016-2017 et prend du retard. Des associations membres critiquent d’ailleurs le manque de transparence dans ce dossier.
« C’était dû à la base pour décembre 2015, mais on n’a jamais eu de nouvelles ou de rétroactions par rapport au stade auquel était le projet », explique le coordonnateur aux affaires externes de l’Association générale des étudiant(e)s prégradué(e)s en philosophie (AGEEPP), Alexandre Jacob Roussel.
Il estime que l’argent qui a servi au financement de ce livre provient directement des étudiants, de par leurs cotisations trimestrielles. Ce « grand manque de communication » dépasse, selon lui, largement le cadre des associations, ce qui devrait amener la CADEUL à fournir l’ensemble des renseignements sur l’état du livre.
Traditionnellement, en ce qui concerne de grands projets comme celui-ci, le contenu des décisions prises au conseil d’administration de la CADEUL est sous huis clos. Une façon de faire que conteste le coordonateur aux affaires externes de l’Association des étudiant(e)s au Baccalauréat intégré en études internationales et langues modernes (ABEILL), Lény Painchaud. Il croit plutôt que ces informations devraient être rendues publiques pour l’ensemble des membres.
« L’argument, c’est qu’il ne faut pas divulguer certains éléments pour ne pas entacher la compétitivité de la CADEUL, dit-il. On comprend cette obligation, sauf qu’en même temps, il n’y a aucun retour qui se fait sur les décisions prises en C.A. C’est pour ça que des dossiers comme le livre deviennent problématiques. Ça entretient les rumeurs, comme on en ignore beaucoup. »
L’état des choses
Jointes par Impact Campus au courant de la semaine, les communications de la CADEUL se sont publiquement confiées sur le montant jusqu’ici investi dans le projet du livre pour la première fois. Selon les informations obtenues, 4125 $ ont été dépensés. Ce chiffre représente en fait la somme du contrat liant l’auteur Guy-Aume Descôteaux, un ancien président de la CADEUL, à l’organisation, en termes de prestation de services.
L’écrivain a été retenu par certaines difficultés sur le plan personnel, ce qui a retardé la rédaction, apprend-on. L’objectif demeure toutefois de publier le livre le plus tôt possible.
Or, les frais d’impression, d’édition ou de promotion ne sont pas encore calculés dans le budget final du projet. « Il n’est pas exclu qu’il y ait des frais supplémentaires au moment de la publication », explique la confédération en entrevue téléphonique.
En date d’aujourd’hui, 80% du projet a été réalisé, aux dires de la CADEUL, qui, en indiquant assumer son retard, affirme avoir déjà envoyé plusieurs sections de l’oeuvre en correction. « C’est un projet qui va être closé cet été, croit le nouveau président du groupe, Samuel Rouette-Fiset. Ça va être livré, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant. »
Interrogations sur la méthode utilisée
Outre l’aspect de la temporalité dans le dossier du livre, la plupart des associations rencontrées rappellent aussi le fait que la méthodologie employée doit respecter un certain protocole. Elles ignorent si ces considérations seront prises en compte, puisque les discussions sur le sujet n’ont pas non plus eu lieu.
« Ça peut être pertinent si on parle d’une vraie recherche historique pour savoir ce que la CADEUL a fait pour le mouvement étudiant et connaître l’ensemble de ses positions politiques. Sauf que, pour l’instant, je n’ai pas l’impression que ça vise quelque chose d’exhaustif », note Alexandre.
Déjà en 2015, l’Association des étudiant(e)s en études anciennes (AEEEA) prenait position contre la réalisation du livre. Après une rencontre avec le président de l’époque, Thierry-Bouchard Vincent, l’association avait conclu que « le travail historique n’était ni supervisé ni fait dans les règles », rappelle le vice-président aux affaires externes du groupe, François-Xavier Aubry.
« De faire le traitement critique des sources, de savoir les comparer et de déceler ce qu’on peut en tirer, ça fait partie de l’histoire, de sa méthode de recherche qu’il faut considérer comme n’importe quelle autre science humaine, dit-il. Il y a une raison pour laquelle une formation se donne en histoire dans toutes les universités. On avait et on a encore des préoccupations par rapport à la rigueur de la méthode utilisée. »
Sur ce point, la CADEUL assure que la recherche est exécutée selon une méthodologie précise et un travail sérieux. « L’auteur possède également une expérience considérable dans le mouvement étudiant, c’est une expertise », répond l’association.
Plus de transparence
À l’interne, un gros travail de transparence doit être entrepris, selon Lény, afin que les membres se sentent plus concernés par les décisions de l’exécutif. « On doit sentir que la CADEUL remplit son devoir de proximité, que l’information tirée sous huis clos est accessible d’une manière ou d’une autre, poursuit-il. Parce qu’autrement, on a souvent l’impression qu’il y a anguille sous roche, que la culture institutionnelle ne fait pas en sorte qu’on ait toute l’information. »
Élu le 24 mars dernier, le nouveau comité exécutif de la confédération devra « trouver le moyen de bien faire les choses » s’il veut aller vers cette intégrité totale, selon François-Xavier.
« On doit l’avouer, il y a des lacunes, il y a beaucoup de choses à améliorer, sur lesquelles on doit rester vigilants pour un nouvel exécutif en place s’il veut donner l’impression qu’il rend transparent tout ce qui peut l’être », lance-t-il.
Il ajoute que, depuis quelques années à l’interne, par manque de candidats peut-être, « une certaine continuité des mentalités institutionnelles peut persister ». C’est aussi aux membres que revient la responsabilité, selon lui, de faire valoir leurs idées et de faire partie du débat pour résoudre la question.