La hausse de la contribution des étudiants n’est pas le seul moyen envisagé par le gouvernement Charest dans sa volonté de mieux financer les universités. Son nouveau budget prévoit une augmentation de 50% des dons privés au terme de 2017, question de se rapprocher du modèle canadien.
Sarah Lachance
Dans son « plan de financement des universités » de 2010, le gouvernement avance que des résultats semblables à ceux de l’Ontario en matière de philanthropie permettraient aux universités québécoises d’amasser 25 M$ de plus… À condition bien sûr que cette hausse ne soit pas annulée par une baisse de la contribution de l’État pour contrer le coût fiscal engagé.
Le Québec se démarque surtout des autres provinces canadiennes par rapport à la provenance des dons, lesquels sont représentés à la hauteur de 50% par les entreprises privées, soit le double de la moyenne canadienne. Il est intéressant de constater qu’à l’Université Laval, cette particularité a des conséquences importantes dans la gestion des fonds privés. Les secteurs où il y a de la recherche commercialisable sont favorisés, soit la Faculté des sciences et de génie et les facultés des sciences de la santé, dont la pharmacie. Le Projet santé a d’ailleurs mobilisé une part importante des dons, lesquels ont permis la réalisation d’opérations d’envergure comme la modernisation des équipements.
François Blais, doyen à la Faculté des sciences sociales et candidat au rectorat, dénonce cette orientation et remet en question la « culture du privé » instituée à l’université dans sa gouvernance et son financement. L’un des ses cheval de bataille est le « retour à l’équilibre » et aux « valeurs académiques et démocratiques ».
Il faut aussi mentionner les sciences de l’administration comme bénéficiaires important des philanthropes de l’Université Laval. Quant aux facultés les moins touchées par la philanthropie, dont les sciences sociales, les investissements de la Fondation se traduisent par des mesures à portée réduite, en particulier par l’attribution de bourses.
Concrètement, 18% des dons ont été attribués exclusivement à la recherche – plus une part des 15% consacrés au fonds d’enseignement et de recherche – durant l’année 2010-2011. La maigre part de 6% accordée au fonds d’investissement étudiant, dédié à l’amélioration de la formation dans l’ensemble des facultés, porte à réfléchir sur les priorités de la Fondation et de l’université.
Crédit photo : Claudy Rivard