Un nouveau réseau social 100% étudiant souhaitant simplifier la recherche d’informations et le réseautage dans les universités voit le jour sur les campus québécois. Unia, un concept rendu disponible en janvier 2017 par d’anciens étudiants, Jérémy Gouverneur et son frère Frédéric, entend révolutionner la manière de vivre les études supérieures.
Le duo de fraternels est à l’origine des plateformes déjà bien connues que sont mesetudes.ca, jobemploietudiant.com et unimag.ca, qui ont su perdurer dans le temps et rejoindre des milliers d’adeptes depuis quelques années.
« Ça fait plus de six ans qu’on est dans ce milieu-là, indique Jérémy. Cette vocation-là nous est venue alors qu’on était encore au cégep. À l’époque, mon frère était à l’emploi dans une coopérative, et il me disait trouver bien difficile de trouver un emploi dans ce secteur-là. »
Ensemble, ils ont notamment fondé un répertoire relativement exhaustif des emplois étudiants disponibles, par marchés et par domaines. À peine un an plus tard, sans investissements financiers, le site avait rejoint près de 10 000 membres qui en redemandaient encore plus. En 2015, près de 130 000 étudiants y étaient, ce qui représente environ 20% du marché étudiant au Québec.
« C’était un bel accomplissement, mais on ne pensait pas encore à créer une entreprise à ce moment-là, ce n’était qu’un truc sur le Web. Ça nous a fait réalisé que, oui, il y avait une opportunité », avoue Jérémy, fraîchement gradué de l’Université de Sherbrooke en administration. Son frère, Frédéric, est pour sa part diplômé du MBA à l’UL.
C’est un an plus tard, en 2016, que le concept d’Unia a émergé : une plateforme réunissant autant emplois que vente de manuels, événements campus, relations avec les profs, contenus académiques, demande de tutorat et plus encore.
Unia, l’idée devenue entreprise concrète
Au cours de son passage universitaire, Jérémy affirme s’être impliqué au sein de plusieurs associations et regroupements étudiants. Malgré tout le plaisir qu’il en a retiré, un sentiment profond d’inefficacité logistique lui est resté.
« Je me suis rendu compte qu’il y avait un problème flagrant et très sérieux de communication au sein de ces organismes-là, et même qu’à l’Université, c’était généralement très difficile d’avoir accès à des informations rapidement. Des trucs tout simples concernant les cours comme les dates importantes ou des avis sur la chose manquaient souvent à l’appel. » -Jérémy Gouverneur
C’est toute la mécanique reliée aux programmes de formation que Jérémy veut remettre en question avec Unia. Le travail en équipe, par exemple, doit impérativement être repensé dans un contexte académique, à ses dires, et enfin utiliser l’apport des nouvelles technologies participatives.
« La plupart du temps, quand tu te retrouves avec d’autres dans un projet, tu dois créer un groupe Facebook pour te réunir, puis ensuite un Google Drive, et plusieurs fichiers avant d’avoir le définitif. Bref, on a recours à plusieurs plateformes qui ne facilitent pas vraiment l’efficacité des communication entre nous. »
Créer un espace unique où les étudiants peuvent trouver tout ce dont ils ont besoin au quotidien, des cours aux groupes de travail, des manuels aux rabais étudiants, des tendances aux associations en passant par les événements à ne pas manquer : telle est l’ambitieuse mission d’Unia sur les campus. « On vise à ce que l’étudiant n’ait plus à chercher et qu’il ait accès à toute l’information, simplement et rapidement », dit le jeune entrepreneur.
Un complément, et non un remplaçant
« Notre but, ce n’est pas de remplacer les grands joueurs comme Facebook, Twitter ou Snapchat, prévient-il. On se voit davantage comme un complément de circonstance, qui vient répondre à un besoin particulier, sur un marché très précis qu’est celui des universités. »
Le principe est simple. À l’entrée sur le site, l’étudiant-membre entre son nom et son université, en plus de mentionner le sigle et le nom de ses cours. La plateforme reconnait ensuite ses habitudes et le connecte avec d’autres usagers du même milieu. Il peut dès lors interagir avec eux et créer des contenus originaux, de plusieurs manières.
« Notre distinction, je crois, c’est la manière locale avec laquelle on comprend les choses, poursuit-il. La plateforme propose des éléments directement en lien avec la vie de l’étudiant, comme des articles qui concernent son domaine, des personnes qui sont dans ses cours, des acteurs qui le touchent. Tout est inter-relié. »
D’ici les prochaines semaines, une section « Partage de connaissances » devrait être intégrée au réseau. Elle permettra aux étudiants absents à un cours en particulier d’obtenir un rattrapage en ligne, en collaboration avec d’autres qui pourront rendre des notes de cours disponibles via la plateforme. « On voit que, en tant qu’étudiant, quand tu es malade par exemple ou simplement indisponible, la timidité empêche certains d’aller vers les autres et d’avoir accès aux contenus », ajoute Jérémy.
Investissements importants
En janvier 2017, le projet-pilote n’a été lancé que sur le campus de Sherbrooke et a recueilli près de 1500 membres-évaluateurs, qui ont testé le produit de fond en comble. « On a pu voir un cheminement important et recevoir des bons et des moins bons commentaires pour améliorer le produit », affirme l’étudiant.
L’été dernier, après une phase de modification de certains éléments, le produit final a été lancé dans toutes les universités du Québec au mois d’août. Jusqu’ici, Unia.ca compte environ 5000 membres et une dizaine de milliers d’adeptes sur les réseaux sociaux, dont une bonne proportion d’entre eux proviennent de l’Université Laval.
Depuis le début, les deux fondateurs ont investi la coquette somme de 30 000$ dans le concept, qu’ils voient comme étant leur première réalisation concrète dans le milieu des affaires. Ils espèrent rejoindre pas moins de 20 000 membres actifs d’ici la fin de la session d’automne, en décembre.