Le premier débat sur le référendum d’affiliation de la CADEUL à l’Union étudiante du Québec (UEQ) s’est tenu au pavillon Charles-de-Koninck, le 8 novembre dernier à 11h30. Guillaume Larouche, un étudiant en droit et porte-parole du comité du OUI, était opposé à Romane Marcotte, pour sa part étudiante en philosophie et représentante du comité contre cette affiliation.
Ce premier affrontement d’une heure a été diffusé sur la page Facebook de la CADEUL. Au moment d’écrire ces lignes, près de 4000 personnes l’avaient visionné. Chaque représentant devait faire une allocution sur des questions spécifiques reliées à l’approche philosophique, structurelle et politique de cet enjeu. S’en suivait ensuite un court débat.
D’entrée de jeu, les porte-paroles ont mis la table en exposant les grandes lignes de leur argumentaire. Guillaume Larouche estime que la campagne pour l’affiliation à l’UEQ en est une « d’idées et de terrain », et qu’il faut être solidaires pour obtenir une meilleure accessibilité aux études supérieures, notamment. Il est temps pour l’Université Laval de se faire entendre au niveau national, selon lui.
De l’autre côté, Mme Marcotte affirme plutôt que l’affiliation n’est pas une solution viable à long terme, car la CADEUL s’y verrait écrasée selon elle dans cette « énorme structure » qu’est l’UEQ. Il faut être proches des étudiants pour être réellement à l’écoute, dit l’étudiante, ne cachant pas son inquiétude à propos de la transparence de l’association nationale, d’ailleurs.
Les principaux arguments
Tout au long du débat, les camps du OUI et du NON ont répété certains de leurs arguments phares en questionnant le camp adverse sur ces mêmes enjeux.
D’emblée, le comité contre l’affiliation de la CADEUL à l’UEQ martèle que la représentativité est un enjeu majeur et que la structure de l’UEQ est beaucoup trop imposante pour que chaque étudiant soit vraiment entendu. « Ce qui compte, c’est d’être proche des étudiants plutôt que de viser l’ampleur des actions qu’on pose », indique en ce sens Romane Marcotte. Un aspect qu’elle a répété à maintes reprises lors du débat.
Toujours du côté du NON, la représentante s’est questionnée quant au risque d’homogénéité de cette association nationale et s’est dite préoccupée du fait que la voix des étudiants de l’Université Laval se perde au travers de celle des 77 000 membres. « Il faut se rappeler que le mouvement étudiant est un mouvement social. Il peut passer par plusieurs types de représentations au niveau national », lance-t-elle.
Dans l’autre camp, celui du OUI, les principaux arguments sont basés sur le fait que l’UEQ a bel et bien la possibilité de parler directement aux décideurs publics. Comme l’instance nationale demeure la plus grosse association au Québec, cela lui permet d’avoir un certain poids afin de faire bouger les choses au niveau politique, selon cette logique. « L’Union étudiante du Québec, c’est une courroie, un haut-parleur, il faut le laisser parler », croit Guillaume Larouche.
Un autre argument majeur du OUI : celui de l’accessibilité aux études. Le jeune représentant explique que l’affiliation permettrait en fait une meilleure accessibilité aux études supérieures pour tous, et ce, « peu importe la provenance socio-économique ou l’origine culturelle de la personne ». En exposant certains gains obtenus par l’UEQ, tels que les stages rémunérés ou les réinvestissements en éducation, le porte-parole a voulu démontrer que son option était avantageuse.
Des documents cachés?
La structure et le fonctionnement de l’UEQ ont été des sujets très chauds lors de ce débat. Le camp contre l’affiliation, représenté par Romane Marcotte, questionne la transparence de l’UEQ sur tous les fronts, depuis le début de la campagne.
« Si vous allez sur le site, vous avez accès aux règlements généraux, à la politique générale et c’est à peu près tout. Les procès-verbaux qui sont présents sur le site sont des projets de procès-verbaux. Il n’y a rien de concret encore », expose-t-elle.
En guise de réponse, Guillaume Larouche invite le public à se rendre sur le site de l’UEQ, sous l’onglet transparence, afin d’y trouver toute la documentation nécessaire. Il répond à son opposante sur le fait que tout n’est pas disponible pour une raison bien précise. « L’UEQ, c’est tout de même une organisation politique de représentation des étudiants auprès du gouvernement du Québec. C’est certain qu’on ne peut pas donner toutes nos stratégies ».
L’enjeu financier
Nombreuses ont été les attaques et les répliques sur la question du budget de l’UEQ, qui consacrerait près de 50% de son enveloppe budgétaire aux salaires, aux dires de la représentante du camp du NON, Romane Marcotte.
Le porte-parole du camp du OUI tient toutefois à contredire aux affirmations de son opposante : « C’est 36,9% du budget de l’UEQ qui est en salaires, en fait. Or, il est normal qu’il y ait une grande partie du budget qui aille là, parce qu’à la fin de la journée, on veut des personnes qui travaillent au quotidien et qui deviennent des experts dans les dossiers-là. »
Processus de prise de position
Chacun des deux camps a été invité à étayer la façon dont l’organisation prend des décisions sur des enjeux importants. Le comité pour l’affiliation à l’UEQ explique que c’est lors des assemblées générales et des caucus que les décisions sont prises. Chaque association étudiante y a le même poids, selon Guillaume Larouche. « Les membres déterminent les positions, au final. La base de l’union nationale, c’est l’action sur les campus », plaide-t-il.
En contrepartie, le comité contre l’affiliation de la CADEUL à l’Union étudiante du Québec réitère son argument comme quoi l’opinion individuelle aurait beaucoup plus de poids au sein d’une association locale que nationale. Romane Marcotte ajoute même que cela n’empêcherait pas de faire changer les choses : « L’indépendance ne nous bloque pas, au contraire. Il y a des coalitions qui se font, il y a des coalitions qui se sont faites, on sait que c’est possible », dit-elle.
Impact Campus vous invite au deuxième et dernier débat d’affiliation, qui aura lieu le 14 novembre à 11h30 également. Rappelons également que le vote sur la possibilité de s’affilier à l’Union étudiante du Québec débutera le 20 novembre, alors que plusieurs kiosques seront installés dans différents pavillons du campus pour voter.