Le 13 novembre dernier, la chaîne américaine CNN diffusait des images qui ont mis en branle l’indignation de la communauté internationale. Ce reportage dévoilait la vidéo d’une vente aux enchères de migrants en Libye, où l’on pouvait voir un homme vendu pour 400 dollars.
Ces images n’ont pas tardé à créer l’indignation générale et ont même conduit le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir le mardi 28 novembre, à la demande de la France, afin d’étudier les options pour mettre un terme à ce trafic. Cette question avait également été placée à l’ordre du jour lors du sommet Union Africaine-Union européenne les 29 et 30 novembre.
C’est au lendemain de la diffusion du reportage de CNN que le Collectif de Québec contre l’esclavage des migrants en Libye s’est créé. Celui-ci fondé à l’initiative de M. Emmanuel Mbaï- Hadji, a pour objectif d’éveiller la conscience des dirigeants politiques sur cette question, afin que des actions concrètes soient mises en place et que « justice soit faite », selon les propos de Sarah Alice Tchéidé, co-porte-parole du collectif.
Une marche de protestation avait d’ores et déjà été organisée le 19 novembre. Un second rassemblement en soutien aux migrants réduits à l’esclavage est d’ailleurs prévu le 9 décembre prochain, sur la colline parlementaire de l’Assemblée nationale entre 14 h à 15 h.
« Des actions diverses »
Depuis sa création, le collectif a mis de nombreuses actions en place. En effet, outre l’organisation de manifestations, de nombreux élus politiques ont été contactés afin que des mesures soient prises.
Une pétition dénommée « Stop à l’esclavage » a également été publiée sur le groupe Facebook du collectif. Il est aussi question d’une collecte de fonds, qui sera organisée prochainement, afin de venir en aide aux organismes non-gouvernementaux (ONG) sur place, qui œuvrent à améliorer la condition de vie des migrants.
« Des revendications concrètes »
La volonté première du collectif est de protester contre ces pratiques, afin que des mesures concrètes soient prises contre ces agissements. Ensemble, les membres du groupe souhaitent que les camps de migrants en Libye soient fermés et que les autorités statuent sur la condition de ceux-ci.
« Il ne faut pas s’arrêter à l’indignation générale, il faut que des actions concrètes soient menées pour mettre un terme à ce crime contre l’humanité », explique Sarah Alice Tchéidé.
Pour la co-porte-parole du collectif, les mesures prises jusqu’ici demeurent très « tièdes ». « Il faut stopper les milices libyennes qui sont à l’origine de la vente d’humains, et cela passe par une prise de position claire et une intervention des différents gouvernements », affirme-t-elle.
« Plusieurs responsables »
En premier lieu, c’est le gouvernement libyen qui est mis en cause. Cependant, pour la co-porte-parole du collectif, il ne faut pas oublier que la Libye est un pays cassé et que les moyens d’actions des autorités libyennes sont limités.
Le collectif souligne également la responsabilité de l’Union européenne qui, de par ses politiques migratoires, choisit de contenir les migrants en Libye. L’Union européenne est très consciente depuis plusieurs mois de la situation, en ayant été informée par de nombreux rapports d’ONG avant même sa médiatisation.
Des propos également soutenus par Joanne Liu, présidente internationale de Médecins sans frontières (MSF): « Le sort des migrants et des réfugiés présents en Libye interpelle à nouveau l’Europe et ses représentants. Car au-delà d’une politique funeste obsédée par le désir de repousser toujours plus loin les gens à l’extérieur des frontières européennes, quitte à obstruer les opérations de sauvetage en Méditerranée, la France et des membres de l’Union européenne entretiennent un réseau criminel », a-t-elle dit.
Les autres responsables visés par le collectif sont les dirigeants africains. « Les chefs d’État africains étaient au courant de ces pratiques et ils n’ont pas agi», souligne Sarah Alice Tchéidé.
Selon la co-porte-parole du collectif, l’esclavage en Libye serait également le résultat des échecs des politiques publiques qui sont mises en œuvre dans les pays africains et qui n’offrent aucune perspective d’avenir à la jeunesse.
Les politiques des gouvernements africains seraient donc à l’origine de ce flux migratoire de plus en plus important. « Il faut que les dirigeants reconnaissent leur part de responsabilité dans la situation tragique vécue par les migrants en Libye », conclut-elle.