Dans le cadre des quatre journées d’activités pour commémorer le souvenir des victimes de l’attentat à la Grande Mosquée de Québec, le Centre de prévention contre la radicalisation menant à la violence organisait un colloque sur le vivre-ensemble, le 26 janvier dernier.
Panels de discussion, discours, vidéos et pièce de théâtre ont lancé les commémorations du 29 janvier 2017, lors du colloque Vivre ensemble avec nos différences.
Avec une prière récitée en arabe, Boualem Djouhri, docteur en théologie, a immédiatement retenu l’attention des quelques 100 citoyens présents au palais Montcalm. Par la suite, il a expliqué sa vision du vivre-ensemble en paraphrasant le Coran : « être tolérant envers l’autre. Rendre le mal par le bien, même dans les moments les plus difficiles. »
Ensuite, le collectif Les Pentures a présenté quelques scènes de leur pièce de théâtre Embrigadés. Les comédiens jouent le rôle de trois jeunes, qui sont attirés par l’extrémisme, chacun à sa manière. L’un est attiré par l’extrémisme religieux, alors qu’un autre se retrouve chez les suprématistes blancs et que le troisième se tourne vers les anarchistes violents. On pouvait rapidement comprendre que certains points communs réunissaient les trois jeunes, la haine, mais surtout la souffrance.
Précédant le début des panels, l’ambassadeur de l’Algérie est venu souligner l’importance du vivre-ensemble, ici et ailleurs. « Nous devons cultiver la tolérance et la solidarité. Les autres ne sont pas différents de nous, ils sont notre propre reflet. Le vivre-ensemble est crucial », souligne-t-il en rajoutant que le Canada et le Québec demeure des modèles inspirants pour le reste du monde.
Atteindre le vivre-ensemble
Lors du premier panel, Samira Laouni, présidente et cofondatrice de l’organisme Communication pour l’ouverture et le rapprochement interculturel (COR), estime que toute la société porte une responsabilité collective face au vivre-ensemble.
Native du Maroc, la doctorante en économie de la Sorbonne croit profondément que les médias doivent mieux jouer leur rôle. Selon les données du dernier recensement, seulement 3,8 % de la population québécoise est de religion musulmane. « Je leur fais remarquer que le bruit médiatique est inversement proportionnel », soulève-t-elle.
Selon Samira Laouni, cette prédominance des communautés musulmanes dans les différents médias entraine plusieurs problèmes. Par exemple, les images, de plus en plus déshumanisantes des pays du monde arabe, publiées dans les journaux ou à la télévision, favorisent l’amalgame entre les musulmans québécois et une organisation comme Daesh. Rien qui ne favorise le vivre-ensemble.
S’inspirant des études du Coran, Hocine Gaham rappelle le rôle des communautés musulmanes dans le vivre-ensemble québécois. « Il faut respecter les coutumes, les traditions et les entités de chaque pays, parce qu’admettre l’autre c’est l’amour. Le rejet, c’est la haine, la haine mène à la violence et la violence a créé le terrorisme », dit-il en concluant le panel.
Laissons tomber les préjugés
Lors du second panel, Abdelwahed Mekki-Berrada, professeur titulaire à l’Université Laval, a réitéré que la majorité des Québécois ne sont pas racistes. Il explique toutefois que certains chroniqueurs, médias ou animateurs continuent d’entretenir certains préjugés par rapport aux musulmans et à l’islam. Le professeur d’anthropologie affirme que nous avons tous la responsabilité de critiquer l’islam, les religions, la gauche ou la droite. L’important, c’est de faire la distinction entre critique et propos haineux, explique-t-il.
Le panelliste suivant, Nizar Ghali, économiste au Ministère de la Santé et des Services sociaux, estime que nous devons faire la nuance entre les quelques musulmans radicaux et ce que l’islam dit et prône réellement.
Les quatre jours de commémoration ont rassemblé quelques milliers de québécois qui sont venus se recueillir et démontrer leur support à la communauté musulmane, mais surtout aux familles des six victimes de l’attentat du 29 janvier 2017.