Les boys, faut qu’on se parle

On doit se le dire, la Ligue Nationale de Hockey nous offre tout un spectacle cette année en séries éliminatoires. Les quatre demi-finales d’association sont plus excitantes que jamais. Un petit 2$ sur les Golden Knight de Vegas… une équipe avec une raison de jouer en surprendra possiblement plus d’un(e) à l’époque où plus que jamais, le jeu est dicté par les dollars.

De LNH à MDMA

Maintenant que j’ai votre attention, je vais vous raconter ma dernière aventure de psychotropes. Je suis un véritable fanatique de jeux de société : un univers contrôlé dans lequel tu es amené à optimiser les règlements pour gagner.

Un certain samedi il y a quelques semaines, on a organisé une partie du jeu de table de Game of thrones entre bons amis. Il y a environ deux ans, on doit avoir joué ensemble plus de cinquante parties (d’un temps moyen de 6 à 10h) en quelques mois à peine. C’était vraiment notre « activité de boys », un marathon de stratégies et de cigarettes à discuter du jeu… mais surtout de la vie.

La drogue, c’était un prétexte de plus pour attirer votre attention, bien qu’une fois l’inhibition disparue, j’ai pu constater l’importance d’avoir ce genre d’espace de confiance entre amis pour discuter de comment on se sent et de ce qu’on pense, pour partager la lourdeur de certaines peines, la complexité des enjeux qui nous concernent, la légèreté de nos petites et grandes réussites.

Nul besoin de se droguer pour y arriver toutefois… les équipes sportives, les associations étudiantes, les regroupements politiques et les divers clubs peuvent permettre exactement la même dynamique. Autant qu’on soit franc, et qu’on se sorte du cliché des boys club et des discussions de vestiaires.

Toxiques : les incel et Bissonnette

Comme plusieurs, j’ai eu froid dans le dos en lisant qu’Alexandre Bissonnette avait songé ouvrir le feu à l’Université Laval, visant notamment le comité femmes UL et le FEMUL. Des amies à moi, des camarades de lutte. Il a finalement déferlé sa haine longuement cultivée en choisissant une cible « dans l’air du temps », comme l’expliquait tristement les psychiatres convoqués en cours.

La même semaine, un célibataire « involontaire » – comprendre ici qu’on suppose que le couple est en quelque sorte un dû – a enfourché le trottoir en plein centre-ville de Toronto, tuant dix personnes au passage. Un autre exemple de haine cultivée en ligne, s’alignant sur un certain discours dominant largement médiatisé, à savoir que les femmes en ont « trop » fait.

En finir avec l’effet vestiaire

La douleur de plusieurs hommes se refoule derrière la grandeur des « exploits » des uns, qui correspondent aux standards bien masculins de réussite. Combien de fois un jeune, intimidé ou non, peut cultiver son impuissance puis éventuellement sa haine, devant la glorification sociale des comportements toxiques, pour mieux la décharger sur des cibles… bien souvent des femmes… bien souvent en ligne ?

C’est ce cercle qu’il faut couper, et au plus jeune âge. Je couvrais justement la parution d’une étude sur la violence dans les écoles québécoises cette semaine. Ça commence par nous, les jeunes adultes. La masculinité toxique est à la source du mal-être de plusieurs, au cœur de l’intimidation, et dans les pires cas, de violences sociales extrêmes.

Et si on prenait le pari que ça puisse commencer par plus d’écoute, d’ouverture, d’empathie et de vulnérabilité ? Boys, il est grand temps qu’on se gère émotionnellement entre nous.

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