Difficile de faire la critique d’un album devant lequel on est resté sans mot. On s’explique mal ce qui nous scie les genoux dès les premières secondes de la chanson titre. La complexité des arrangements qui détonne avec le minimalisme du premier album ? La pointe d’agressivité qui a cédé la place à une forme de quiétude ? La surprise lorsque Adam Kinner surgit au saxophone (dernière chose à laquelle on s’attendait) à deux minutes trente-cinq secondes précisément, et que l’on se demande si les murs de la ville entière ne vont pas crouler d’un coup. Les images qui sont passées du bleu gris au bleu nuit ? Le petit déhanchement que l’on retient, parce qu’on est pas encore certain que c’est normal d’avoir envie de danser sur du Peter Peter ? On appréhende la suite. « Il a sûrement tout mis dans la première chanson », se convainc-t-on. Or le reste de l’album mérite autant d’éloges. On a rendez-vous entre deux mondes. Entre la peau (Une version améliorée de la tristesse) et la carapace (Tout prend son sens dans le miroir), entre le terre-à-terre (Rien ne se perd, rien ne se crée) et l’imaginaire de petit garçon (MDMA), qui ne jure pourtant pas avec la maturité de l’oeuvre. S’il demeure le principal réalisateur de ce disque, Peter a été assisté par Emmanuel Ethier (Coeur de pirate, Jimmy Hunt, Passwords) et Pascal Shefteshy pour l’ensemble des chansons. Il s’est d’ailleurs entouré d’une dizaine de musiciens (dont six drummeurs, rien de moins!) venus lui prêter main-forte pour l’enregistrement. On se réjouit de constater que ce sont les claviers aux sonorités qui rappellent les années 80 qui obéissent au style Peter Peter, et non l’inverse. Peter aborde le thème de l’amour en contournant les clichés (sauf dans Le monde n’y peut rien, naïve et assumée) et nous catapulte dans un royaume nocturne où passent tour à tour les cyclopes, libellules, fourrures et dragons du Chinatown. Il nous livre un album intime, d’une qualité inespérée. On est forcés d’admettre que la tristesse lui va plutôt bien.
Peter Peter
Une version améliorée de la tritesse
Audiogram
4/5