[OPINION] Aimer inconditionnellement ou par devoir ? Vérité sans concession ou réconfort du mensonge ? La seconde pièce du théâtre La Bordée, Hope Town, est présentée jusqu’au 23 novembre.
Par Clara Mercier, journaliste collaboratrice
Hope town s’attaque directement au nœud de la problématique soulevée en débutant d’emblée sur les retrouvailles inattendues d’Isabelle et d’Olivier qui était disparu depuis cinq ans, sans donner de nouvelles, plongeant sa famille dans une inquiétude perpétuelle. Bombardé de questions par sa sœur, il finit par avouer l’inconcevable raison se cachant derrière ce départ volontaire et réfléchi. L’envie de vivre sa liberté au complet, de ne plus se cacher, le ramène chez ses parents pour dévoiler son secret.
C’est dans un décor mobile qui nous fait voyager du Subway jusqu’au salon des parents, de la cuisine à la cour arrière de la maison, que ce drame familial se joue. Les transitions d’un décor à l’autre, manipulés par les comédiennes et les comédiens, sont accompagnées d’une musique envahissante accentuant la tension que l’action expulse. Par ailleurs, l’occupation stratégique des comédiennes et des comédiens dans l’espace soutient un symbolisme qui est également servi par l’éclairage.
Il faut souligner l’interprétation d’Olivier Arteau (Olivier, le frère) et de Jean-Sébastien Ouellette (le père) qui nous ont émus par la finesse de leur jeu. Néanmoins, c’est probablement cette justesse qu’il manquait au jeu de la comédienne Pascale Renaud-Hébert (Isabelle, la sœur) qui avait le défi de défendre un texte qui est sien, et de faire face à la réception in praesentia du public.
Dans Hope town, on respire à peine. L’intensité de la pièce est très peu nuancée. On est dans une crise du début à la fin, laquelle nous laisse sur notre faim, ou plutôt, nous ramène au point de départ. Par l’originalité de la problématique qu’elle aborde, mais surtout par l’humanité de ses dialogues, ponctués d’avalanches, de silences éloquents, et d’humour, l’autrice Pascale Renaud-Hébert est parvenue à nous atteindre, public à la réceptivité palpable.
Crédit photo : Nicola-Frank Vachon