Sous ta façade : le fléau de la détresse psychologique étudiante

Les résultats de l’enquête sur la santé mentale des étudiants réalisée par l’Union Étudiante du Québec (UEQ) intitulée Sous ta façade sont disponibles depuis ce matin (19 novembre). Des constats alarmants ressortent de l’enquête. Notamment, qu’un étudiant sur cinq démontre des symptômes dépressifs nécessitant une aide professionnelle. L’Université Laval, l’Association des étudiantes et des étudiants inscrits aux études supérieures (L’AELIÉS) et la Confédération des Associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) ont tenu à réagir à ces résultats extrêmement préoccupants.

L’enquête Sous ta façade est un questionnaire qui fut envoyé aux membres de la communauté universitaire visant à bâtir un portrait de l’état de la santé psychologique des étudiants et des étudiantes universitaires du Québec tout en documentant l’offre de service en matière de santé psychologique dans les différentes universités québécoises. Par la suite, l’UEQ pourrait formuler des recommandations en toute connaissance de cause visant l’amélioration les services d’aide et de santé psychologique des étudiants.

L’enquête s’est tenue du 25 octobre au 29 novembre 2018 dernier. C’est plus de 23 000 membres de la communauté étudiante universitaire à travers le Québec qui ont répondu au sondage. Ce qui représente un taux de participation de 16,1%.

Voici quelques résultats importants de l’enquête.
  • Les résultats montrent que 58 % des membres de la communauté universitaire se situent au niveau élevé de l’échelle de mesure de la détresse psychologique (7 et +). Les étudiants au postdoctorat et au premier cycle sont les plus touchés – 60% dans les deux cas.
  • 19% des étudiants présentent des symptômes dépressifs modérément sévères et sévères. Encore une fois, les étudiants au postdoctorat se démarquent avec un score de 25% des étudiants présentant des symptômes dépressifs sévères.
  • Les personnes étudiant au premier cycle rapportent vivre en moyenne plus d’épuisement émotionnel que les personnes étudiant aux cycles supérieurs.
  • Les résultats indiquent que 9 % des membres de la communauté étudiante ont pensé sérieusement au suicide et que 1 % de ceux-ci ont fait une ou des tentative(s) de suicide au cours des 12 mois précédents l’enquête.

*Données tirées de https://unionetudiante.ca/wp-content/uploads/2019/11/Rapport-UEQ-Sous-ta-fa%C3%A7ade-VFinale-FR.pdf

À l’Université Laval

Dans un point de presse au pavillon des Sciences de l’éducation, les acteurs concernés par le rapport ont tenu à réagir à la sortie de celui-ci.

L’Université Laval s’est dite déterminée à poursuivre son engagement face à la santé psychologique en contexte universitaire. L’enjeu, bien réel, est pris en considération par la direction de l’université et des mesures supplémentaires pour combattre le fléau devraient naître au courant des prochains mois.

Selon Louise Carreau, directrice du Centre d’aide aux étudiants, les critiques qui visaient le centre ont été prises en considération et ont permis aux membres du personnel d’ajuster le tir. Le Centre d’aide aux étudiants répond à 2136 demandes d’aide psychologique chaque année. Le temps d’attente par demande estimé est d’une à quatre semaines, comparativement à dix semaines l’an dernier.

« L’Université Laval n’est pas l’exception à la règle, souligne le vice-recteur exécutif et vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, Robert Beauregard. Étant engagée dans la prévention, la sensibilisation et l’intervention en matière de détresse psychologique auprès de sa communauté depuis plus de vingt ans, l’Université Laval constate les résultats et prendra le temps d’analyser en profondeur toutes les recommandations mises de l’avant. »

Caroline Sénécal, coprésidente du Comité institutionnel consultatif sur le bien-être psychologique et la santé mentale des étudiants et étudiantes de l’Université Laval, s’est dite très préoccupée par les résultats. Selon elle, une analyse en profondeur des résultats de l’enquête s’impose dans le but de trouver des pistes de solutions éventuelles. « Au cours des années, de nombreuses initiatives ont vu le jour à l’Université Laval (programme Luciole & Mon Équilibre UL) et nous en sommes très fiers. Par ailleurs, il faut reconnaître que du chemin reste à faire pour aider encore davantage les personnes étudiantes qui vivent de la détresse psychologique », souligne-t-elle.

Du côté de l’AELIÉS et de la CADEUL, on a tenu à saluer le bon travail de l’Université, mais qu’il reste encore une fois du chemin à faire. Un soutien financier du gouvernement dédié à l’aide en santé mentale ainsi qu’un réinvestissement massif dans le Centre d’aide aux étudiants sont des pistes de solutions proposées.

« Les résultats de l’enquête Sous ta façade révèlent une situation préoccupante à laquelle il faut s’attaquer rapidement avec des actions concrètes », mentionne Laurence Vaillancourt, présidente de la CADEUL.

Le président de l’AELIÉS, Nicolas Pouliot déclare « qu’en tant que représentant des étudiants.es aux cycles supérieurs, ce rapport est une bombe qui nous démontre qu’il existe plusieurs lacunes tant au plan institutionnel à l’Université Laval qu’au plan gouvernemental. Il est absolument crucial que les instances ciblées par le rapport en prennent non seulement connaissance, mais que des actions et des gestes concrets soient posés afin de soulager la pression constante subie par la communauté étudiante ».

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