Depuis la semaine dernière, l’Italie est dehors pour manifester. Le gouvernement de Sylvio Berlusconi vient d’adopter un texte de loi qui met un terme à son idylle avec le peuple italien depuis son retour à la tête de l’État en avril dernier. Notamment, le texte en question propose une réforme en profondeur du système d’éducation, en abolissant pas moins de 130 000 emplois et en effectuant des coupes à la hauteur de 9 G$.
Il n’en fallait pas plus pour que des centaines de milliers d’Italiens descendent dans les rues pour crier leur opposition à la manoeuvre berlusconienne, demandant ni plus ni moins que le retrait complet du texte de loi. Résultat, plus de 90 % des écoles de la péninsule sont fermées, sans compter l’occupation des lycées et des universités par des groupes d’étudiants.
Le motif de tout ce branle-bas de combat n’est pas tant la cause que l’effet. Les syndicats, les familles et les étudiants s’unissent pour dénoncer ce qu’ils jugent être un pas de géant vers la privatisation et la marchandisation du système d’éducation. Toujours la semaine dernière, plusieurs dizaines de milliers d’étudiants et d’enseignants français se sont à leur tour baladés dans les rues afin de dénoncer la suppression de 13 000 postes dans le réseau public d’enseignement, prévue l’année prochaine. En cœur, ils ont fait valoir leur crainte que l’éducation ne soit plus une priorité dans la République.
En 2006, le fameux CPE (Contrat de première embauche) avait fait descendre dans la rue des millions de Français. Le gouvernement a dû reculer devant la contestation. Bonne ou mauvaise, cette contestation a tout de même eu le mérite de prouver que la population avait encore du pouvoir. La grève étudiante de 2005 au Québec, avec sa demi-victoire, a également démontré un certain pouvoir hors des murs du Parlement.
Tous les acteurs du système d’éducation québécois doivent prendre note de ces mouvements, surtout les étudiants. Le Québec n’échappera pas à la tendance du désengagement de l’État dans l’éducation. Vous payez toujours un peu plus à chaque session. Tant et si bien que la facture totale aura grimpé de 500$ en 2012. C’est passé comme lettre à la poste. Les propositions abondent pour que le gouvernement laisse de plus en plus de place à la déréglementation des frais de scolarité pour la période post-2012.
Un an après le dégel, il demeure difficile de comprendre comment un des principes les plus défendus dans la société québécoise, soit l’accessibilité aux études supérieures, puisse avoir été mis de côté si facilement. L’appui tacite des étudiants sonne-t-il le début d’une nouvelle conception de l’éducation? Ou est-ce plutôt le résultat de la difficulté des étudiants à se mobiliser ?
L’approbation des étudiants face au dégel des frais de scolarité aura des conséquences à moyen terme. La première étant l’explosion de la facture estudiantine et, par conséquent, la diminution de l’accessibilité. Devant la menace de perdre une session en enclenchant une grève pour protester, la population des universités a oublié qu’elle serait la première victime de ces politiques. La génération actuelle finira bien par se reproduire. Et sa progéniture souhaitera aussi passer par l’université. Qui paiera?